Afua Cooper, Ph. D. (titulaire de la chaire James Robinson Johnston d’études sur les Noirs du Canada, Université Dalhousie)
L’histoire des Noirs de l’Ontario m’inspire et me définit
Peggy Pompadour hante mon esprit. Je peux sentir sa présence lorsque je marche dans les rues du Vieux-Toronto (Ye Olde Towne Toronto). Cette femme noire a été une esclave ici même. Appartenant alors à l’administrateur colonial Peter Russell, elle a été faite prisonnière avant d’être vendue. Tentant d’échapper à sa condition d’esclave, Peggy fuyait souvent la propriété de son maître qui, chaque fois, la retrouvait et la jetait à la prison locale. Dès que Russel ne parvint plus à réprimer Peggy, il s’est résolu à la vendre ainsi que son fils Jupiter.
En parcourant le vieux quartier de Toronto, je me suis engagée sur les voies que cette femme et son fils ont empruntées en évoquant leur mémoire.
Je m’inspire également de l’histoire de Peter Long et de sa famille, des loyalistes noirs affranchis qui sont arrivés à Toronto en passant par la vallée de la Miramichi du Nouveau-Brunswick. Avant de faire escale au Nouveau-Brunswick, la famille provenait du Massachusetts. Peter et sa famille se sont installés dans une ferme près de l’avenue Bayview et du chemin Pottery à Toronto. Contrairement à Peggy Pompadour, ils ont concrétisé leurs aspirations à la liberté.
Mon Ontario réhabilite la mémoire des Noirs qui ont abattu des arbres pour construire le chemin Davenport, qui reliait les parties est et ouest de Toronto.
L’histoire des Noirs de l’Ontario contribue à définir mon identité. En tant que fille de la diaspora noire africaine née en Jamaïque, j’ai, au fil de mes déplacements dans cette terre d’accueil, associé les lignées originaires des Caraïbes, de l’Afrique occidentale et centrale, de l’Afrique de l’Est et du Canada africain.