Carl Benn (faculté d’histoire, Université Ryerson), Toronto
Photos d’une résidence édouardienne
J’ai 16 photographies montrant la résidence de mes arrière-grands-parents à St. Catharines vers 1905. Personnellement, j’aime ces photographies parce qu’elles contiennent des détails de la vie de mes ancêtres. Je vois aussi dans ces images certains meubles avec lesquels j’ai grandi jusque dans les années 1950 et 1960 parce que mes grands-parents les avaient conservés dans leur résidence de Toronto, et quelques objets égayent même ma résidence aujourd’hui.
Les photographies m’interpellent comme historien parce qu’elles illustrent certaines des valeurs que les Ontariens édouardiens exprimaient dans leur environnement domestique. L’un de ces idéaux était quelque chose que j’appellerais un « confort respectable » – une idée qui reflète les aspirations de la classe moyenne concernant leur lieu de résidence et inspirée de divers mouvements sociaux et décoratifs réformistes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe – lesquels ont été rendus possibles par des phénomènes suscitant plus d’ambivalence à leur égard, par exemple l’industrialisation, qui a fait chuter les prix des biens de consommation, mais à un coût social considérable.
Mon image favorite de cette série fait ressortir quelque chose d’humoristique, sur une légère note édouardienne. Dans la photographie, il y a un énorme piano devant ce qui est un fauteuil ridiculement petit, qu’il aurait été impossible d’utiliser pour faire de la musique ou qui aurait exigé une position complètement inconfortable. Je me demande lequel des mes ancêtres a placé là ce fauteuil et comment les autres ont réagi à la plaisanterie.
Photos gracieusement fournies par Carl Benn.