James Raffan (auteur, conférencier et consultant)
Sur le lac Cranberry
Sur l’eau dès l’aurore, respirant les rayons brumeux d’un soleil de fin d’automne. À d’autres moments, ce serait peut-être un peu d’aviron au crépuscule, avec un thermos de café à Listening Bay, surveillant Vénus pourchasser le soleil en direction de la Chine. Ou peut-être immobile, sous un ciel lunaire parsemé d’étoiles, hurlant avec le coyote ou éclatant de rire lorsque les castors viennent fouiner et battre l’eau à côté du canot… car ils peuvent le faire. Toujours, par contre, dans la nature sauvage ou ici, près de la maison sur le petit lac Cranberry, embarquer comme en nous demandant d’où nous venons, où nous sommes et où nous allons, en nous interrogeant pour savoir qui nous étions, qui nous sommes et qui nous pouvons être. Suspendus entre le monde du dessus et le monde du dessous. Tranquillité, harmonie du mouvement. Pagayer, c’est prendre de l’énergie. Saisir les possibilités du lieu : la terre, l’air, l’eau, les ancêtres, les enfants à naître. Se déplacer dans une rêverie silencieuse qui s’anime d’elle-même, c’est comme établir le lien avec l’eau, mais aussi avec les vies et les terres qu’elle nourrit. Si c’est l’amour qui lie les personnes aux lieux, dans ce pays de rivières et dans cette rivière de nations, dans cette verdoyante province qu’on appelle « Ontario », alors, l’expression de cette simple vérité est certainement le canot.
Photos gracieusement fournies par James Raffan