Lynne D. DiStefano, Toronto
Au fil de la « Tamise » ontarienne
Au milieu des années 1990, George Kapelos et moi, nous avons commencé à travailler à une exposition sur la rivière Thames (la « Tamise » ontarienne) qui allait avoir lieu au musée de London.
Je ne me souviens pas quand exactement la rivière a commencé à me fasciner. Je pense qu’il y avait un lien avec la façon dont elle est dépeinte dans les illustrations et les récits de voyage du XIXe siècle. Ou peut-être était ce parce que j’avais aimé faire du canot près de ses fourches à London. Quelle qu’en soit la raison, je considérais la rivière comme le déterminant du paysage culturel distinctif du sud-ouest de l’Ontario et je voulais l’explorer tant sur le plan historique que culturel, et communiquer ce que j’aurais découvert.
George également était fasciné par la Thames, et aussi enthousiaste que moi à l’idée d’en explorer la signification. J’étais une historienne de l’architecture transplantée à London depuis le sud de la frontière alors que George était originaire de London. Architecte et urbaniste, il voyait la rivière dans une optique différente et complémentaire de la mienne. Ensemble, nous avons conçu une exposition sur la rivière à la fois en tant que lieu et en tant qu’expérience.
Armée d’un carnet et d’un appareil photo, et accompagnée parfois par George et Lee Ho Yin, mon collègue de l’Université de Hong Kong, j’ai passé l’été 1998 à observer la Thames et à prendre des notes, non en canot, mais en auto et à pied. Nous nous sommes rendus jusqu’aux endroits les plus reculés du bassin versant pour trouver ses principales sources, quelquefois de tout petits filets d’eau dans le champ d’un agriculteur. Nous avons exploré des villes et des villages bâtis sur ses rives et nous nous sommes promenés dans des champs qui se terminaient aux délaissés de crue. Nous avons emprunté ses nombreux ponts pour sillonner sa vallée. Nous avons examiné les dispositifs de lutte contre les inondations. Nous avons interviewé des gens qui vivaient près d’elle. Nous nous sommes demandé quels étaient leurs rapports avec elle. Nous avons constaté que certaines collectivités ne lui accordaient aucune attention, alors que d’autres se l’étaient appropriée.
Au cours de cette exploration, nous en sommes venus à voir la Thames comme l’élément qui définit un paysage culturel unique, paysage d’abord façonné par les Premières Nations des siècles avant la colonisation et sur lequel sont maintenant superposés des changements visibles d’ampleurs diverses.
La prise de notes a conduit à la mise sur pied d’une exposition dont George était le commissaire et qui mettait en vedette les magnifiques grandes photographies en noir et blanc de Steven Evans, dont l’œil perspicace conviait les visiteurs à des moments extraordinaires le long du bassin versant. Cette exposition, intitulée Course Studies—Tracking Ontario’s Thames: An Exploration of the River (Études – Au fil de la « Tamise » ontarienne, une exploration de la rivière), a été présentée au Museum London de novembre 2001 à janvier 2002. Nous étions ravis de faire connaître nos expériences et le catalogue illustré qui renferme nos textes et les photographies de Steven Evans reste un témoignage permanent de nos explorations et de nos découvertes.