R. Dennis Moore (Archiviste, Société d'histoire multiculturelle de l'Ontario), Toronto
Voici le passeport temporaire d’Arthur Schönberg, un ingénieur naval estonien qui a bravé la haute mer pour se faire une nouvelle vie au Canada. Bien que je n’aie jamais rencontré M. Schönberg, la Société d’histoire multiculturelle de l’Ontario a préservé son histoire sur bande audio.
Arthur Schönberg avait beaucoup d’expérience de la navigation et du fonctionnement des bateaux. Pendant la plus grande partie de sa vie d’adulte, il a travaillé sur différents navires en état de navigabilité. Il s’est servi de ses compétences en 1944 pour échapper à l’occupation de l’Estonie par les Soviétiques. Ayant participé à la Guerre d’indépendance de l’Estonie, il ne souhaitait absolument pas vivre sous un régime communiste. Lui et sa femme se sont embarqués à destination de la Finlande, où ils sont restés peu de temps avant de prendre la fuite de nouveau pour échapper à l’avancée de la frontière soviétique. Il a abouti dans un campement de réfugiés en Suède, où il est resté jusqu’à ce qu’il achète son propre bateau (la Edith) et qu’à bord de son « bateau viking » il appareille en direction du « Nouveau Monde », le 2 juillet 1947, en compagnie de 24 autres réfugiés estoniens.
Après plusieurs mésaventures éprouvantes, la Edith et ses aspirants immigrants sont, le 16 septembre 1947, arrivés aux États-Unis, où les représentants des douanes les ont déclarés immigrants illégaux et ont saisi leur navire. Schönberg et ses compagnons demandeurs d’asile ont passé plusieurs mois dans les limbes bureaucratiques sur l’île d’Ellis jusqu’à ce qu’un ecclésiastique en visite les invite au Canada. Ils ont pris le train vers le nord jusqu’à Fort Erie. Schönberg s’est établi à Kitchener pendant un certain temps, puis a finalement déménagé à Toronto, où il est décédé à 83 ans, naturalisé et fier citoyen canadien.
Arthur Schönberg a été l’un des 1 500 immigrants non autorisés d’Europe du Nord qui ont risqué leur vie pour connaître la liberté personnelle et politique immédiatement après la Deuxième Guerre mondiale. Il n’a jamais regretté d’être venu au Canada, ni d’être devenu un des membres de la mosaïque multiculturelle à plusieurs facettes de l’Ontario. Son histoire est l’une seulement des nombreuses histoires que la Société d’histoire multiculturelle de l’Ontario a préservées pour inspirer et informer les générations futures de Canadiennes et de Canadiens.