S. Carlyle, Toronto
En 1998, j’ai fait mes bagages et je suis déménagé en Ontario pour commencer une nouvelle vie dans ce que je considérais comme une terre étrangère. J’ai vite découvert que les deux côtés de ma famille ont de profondes racines en Ontario… une chose souvent dure à admettre pour quelqu’un qui est originaire de la côte Ouest!
Depuis ce temps, j’ai parcouru toute la province. En fait, il y a peu de collectivités dans cette vaste contrée que je n’ai pas visitées et photographiées, et sur lesquelles je n’ai pas fait de recherche. Une poignée de rues et de chemins ont cependant une signification toute particulière et, chaque fois que je les traverse, je m’arrête pour penser.
Alors que je marche dans les rues de Sandwich, que je dépasse le vieux bureau de poste de la rue Mill pour me rendre jusqu’au centre Mackenzie Hall, j’ai vaguement le sentiment d’arriver à la maison, qu’une génération prodigue est revenue. Regardant l’horloge murale historique dans l’ancien palais de justice du comté d’Essex, je ne peux m’empêcher de me demander si elle a été fabriquée par mon arrière-arrière-grand-père, qui était horloger à Windsor à l’époque où l’édifice a été construit. Un sentiment similaire me submerge chaque fois que je remonte la route 10 jusqu’à Flesherton, Markdale puis Chatsworth. Les gens de la famille de ma mère ont défriché les forêts et cultivé ces collines ondulantes il y a 150 ans. Leurs noms restent gravés sur les pierres tombales des cimetières de pionniers qui bordent les chemins, et certaines de leurs maisons victoriennes en briques tiennent encore debout.
Au cours des années qui se sont écoulées depuis, j’ai été naturalisé Ontarien et je suis devenu un défenseur de tout ce qui est ontarien. C’est vrai en particulier aux dîners de fête lorsque, dans la soirée après un peu trop de Scotch, des membres de ma famille à Vancouver décident de parler des Leafs, et des hivers censément rigoureux et de la hauteur des pentes de ski de l’Ontario. Plutôt que de leur servir une diatribe interrégionale stéréotypée, je souris et je les balaie du revers de la main en leur disant : « Je pense qu’un plus grand nombre d’entre vous devraient visiter l’Ontario. Si vous le faisiez, vous découvririez des paysages magnifiques qui changent avec les saisons et vous vous renseigneriez sur son histoire riche et fascinante. » Ce dont ils ne se rendent pas compte, c’est que tout au fond de moi, j’ai toujours été un Ontarien, et eux aussi. Ils ne s’en souviennent tout simplement pas encore!