L’honorable Elizabeth Dowdeswell (29e lieutenante-gouverneure de l’Ontario)
La conscience de notre province
L’édifice de l’Assemblée législative de l’Ontario, achevé en 1893, est une magnifique structure imprégnée des récits des moments les plus marquants de l’histoire moderne de notre province. C’est un lieu riche en traditions, dont l’une figure parmi les plus récentes à avoir été instaurées : l’hébergement des appartements du lieutenant-gouverneur. Depuis 1937, année de la fermeture de la résidence du gouverneur général, la personne représentant la Souveraine demeure là où siège l’Assemblée législative, dont les membres sont élus. Dans la lignée de notre héritage constitutionnel, les deux côtés gardent jalousement leurs coutumes et privilèges respectifs. Cette cohabitation s’est toujours déroulée pacifiquement au fil des ans.
Mentionnons, à titre d’exemple, le Programme des pages à l’Assemblée législative. Depuis 1867, les jeunes devenus des pages ont été au service des députés et, de façon plus générale, ont agi comme des ambassadeurs de l’Assemblée législative. (L’institution de la vice-royauté a aussi ses ambassadeurs : les fantômes des différents lieutenants-gouverneurs qui, dit-on, hanteraient les couloirs.) Depuis de nombreuses décennies, le lieutenant-gouverneur en poste rencontre les pages à leur entrée en service. Il s’agit d’une pratique importante. Dans mon cas, je suis non seulement appelée à répondre aux questions des pages sur mon rôle dans la gouvernance de la province, mais aussi à échanger, de sorte que les pages me parlent de leurs études, de leur famille et de la ville d’où ils viennent. Il arrive même qu’un récital de piano soit offert à l’improviste lors de ces rencontres.
Je me réjouis de tels entretiens. Peu de temps après mon entrée en fonction, j’ai demandé l’avis d’un groupe de pages quant aux enjeux sur lesquels je devrais mettre l’accent durant mon mandat. Les réponses variaient. Quelques-uns pensaient que je devrais attirer l’attention sur l’intimidation, et tous ont convenu de la nécessité de promouvoir un mode de vie plus écologique. Puis un jeune homme à la fois réfléchi et enthousiaste a levé la main et m’a suggéré de centrer mes efforts sur la lutte contre la pauvreté et l’itinérance. Et il a poursuivi en m’expliquant pourquoi. Je me remémore souvent cette rencontre parce que je me suis alors interrogée sur mes actions et réflexions lorsque j’étais en 7e année. « La pauvreté et l’itinérance. » Cet échange m’a laissée optimiste quant à notre avenir, car de jeunes gens brillants qui s’expriment avec éloquence affichent déjà la gentillesse et l’altruisme qui caractérisent les Ontariennes et les Ontariens.
Queen’s Park est bien davantage qu’un édifice historique. Grâce au travail constant de tous, des pages aux premiers ministres en passant par les législateurs et divers collaborateurs, ce lieu symbolise la fonction publique et la conscience de notre province. Puisse-t-il continuer de nous inspirer pendant de nombreuses années.