- Le premier Lieutenant-Governor de l'Ontario
John Graves Simcoe est né le 25 février 1752 à Cotterstock, Northamptonshire, en Angleterre. En 1770, après avoir obtenu son diplôme du collège Eton et d'Oxford, il entra dans l'armée britannique. Il obtint son premier poste d'enseigne au 35e Régiment de Fantassins et fut envoyé à Boston pour combattre la Révolution américaine. Il fut promu major au 40e Régiment de Fantassins, où il resta jusqu'en 1777, date où lui fut confié le commandement du 1st American Regiment (Queen's Rangers).
Simcoe était un fin tacticien et, sur le champ de bataille, un des meilleurs commandants de l'armée. Il obtint le grade de lieutenant-colonel et fut blessé à trois reprises avant d'être capturé en 1779. Deux années plus tard, il fut rapatrié en Angleterre. En 1782, il épousa Elizabeth Gwillim et acheta Wolford Lodge.
En 1791, Simcoe fut nommé lieutenant-gouverneur de la toute nouvelle province du Haut-Canada.
- Simcoe arrive en Ontario
En septembre 1791, Simcoe quitta l'Angleterre à bord d'un navire, en compagnie de son épouse Elizabeth et de leur fille Sophia, laissant trois autres filles en Angleterre, sous la garde de leur tante.
Lorsque la famille Simcoe arriva à Québec, le 11 novembre, il était trop tard dans la saison pour faire le voyage jusqu'au Haut-Canada. Ils passèrent donc l'hiver à Québec et se familiarisèrent avec la vie sociale canadienne et les responsabilités de la charge de lieutenant-gouverneur.
Au printemps suivant, Simcoe partit pour Kingston, puis pour Newark (Niagara-on-the-Lake). Le Haut-Canada que Simcoe trouva était en grande partie constitué de terres non défrichées, peuplées par les Premières nations et des colons loyalistes. Simcoe fut enchanté par la beauté du pays et impressionné par le courage des habitants. Il commença rapidement à mettre à exécution ses plans d'aménagement de la province.
« ... Ces scènes m’ont tellement rempli de bonheur que je classe cette journée parmi celles où des objets d’art ou de la nature m’ont procuré le plus grand plaisir… » Elizabeth Simcoe, 23 avril 1793
- Ouverture de la première Assemblée législative provinciale
La première priorité de Simcoe après son arrivée dans le Haut-Canada consista à créer le gouvernement provincial. La province du Haut-Canada, qui est de nos jours la province de l'Ontario, fut établie aux termes de l'Acte constitutionnel de 1791.
Cet acte stipulait que le gouvernement provincial devrait être composé du lieutenant-gouverneur, d'un conseil exécutif nommé et d'un conseil législatif élu. La première réunion du conseil législatif, composé de neuf membres, et de l'assemblée législative, composée de seize membres, eut lieu à Newark, le 17 septembre 1792. Simcoe inaugura officiellement cette session et déclara dans son discours aux membres que les avantages offerts par la province du Haut-Canada rivalisaient avec ceux offerts par tout autre territoire de ce côté-ci de l'Atlantique.
- Défense de la province et fondation de York
L'Angleterre étant en guerre, Simcoe commença à renforcer le système de défense du Haut-Canada. Il fit adopter le Militia Act en 1793, créant ainsi la milice provinciale et rendant le service militaire obligatoire pour tous les hommes du Haut-Canada, âgés de seize à soixante ans, quel que soit leur lieu de résidence dans la province, en temps de guerre.
Simcoe réalisa également que la proximité de Newark de la frontière américaine rendait le gouvernement vulnérable. Par conséquent, il décida de choisir une nouvelle capitale provinciale, soit la ville actuelle de Toronto. Le site, que Simcoe appela York, était doté d'un excellent port et était stratégiquement situé loin de la frontière, à mi-chemin entre les centres militaires de Niagara et de Kingston. Simcoe commença tout de suite à créer un arsenal militaire et naval et ordonna aux Queen's Rangers de construire une petite garnison et des fortifications temporaires. Éventuellement, ce système de défense devint le Fort York. De nos jours, Toronto est toujours la capitale de la province.
- Construction des premières routes
Imitant les routes militaires construites par les Romains en Angleterre, Simcoe commença à construire deux routes principales, en Ontario. La rue Yonge, qui porte le nom du ministre de la Guerre, Sir George Yonge, fut construite sur l'axe Nord-Sud, le long de la route du commerce des fourrures allant du lac Ontario au lac Simcoe. Les soldats des Queen's Rangers commencèrent à tracer la route en août 1793, et atteignirent Holland Landing, en 1796.
Une autre route, correspondant à la rue Dundas, baptisée en hommage au secrétaire colonial Henry Dundas, fut construite d'est en ouest entre Burlington Bay et la rivière Thames. Cette route fut ensuite prolongée vers l'est jusqu'à York. Ces deux routes visaient à faciliter la défense du Haut-Canada. Cependant, elles devaient également favoriser la colonisation et le commerce dans toute la province.
- Colonisation et immigration
Pour encourager l'immigration et la colonisation du Haut-Canada, Simcoe créa un système en vertu duquel le gouvernement pouvait réglementer la distribution des terres et décourager la spéculation. La province fut divisée en 19 comtés, et en cantons composés de lots de 200 acres, séparés par des chemins de concessions. Une partie des terres de chaque canton était réservée à la Couronne et une autre partie au clergé protestant. Le reste des terres devait être accordé aux personnes désireuses de s'établir sur les terres de la Couronne, dans la province du Haut-Canada.
Les terres furent distribuées gratuitement, à condition que les colons construisent une maison sur leur propriété dans un délai d'un an. Simcoe reçut un nombre important de concessions de terres en reconnaissance de ses services comme colonel des Queen's Rangers durant la Révolution américaine. Sur un terrain situé à Toronto, accordé à son nouveau fils, Francis, Simcoe construisit une résidence qu'il appela Castle Frank.
- Anti-Slavery Act de 1793
La réalisation de Simcoe qui est peut-être la plus importante en sa qualité de lieutenant-gouverneur concerne les restrictions imposées à l'esclavage dans la province.
Initialement, Simcoe proposa l'abolition totale de l'esclavage. Cependant, l'Assemblée législative s'opposa à sa proposition, car de nombreux loyalistes étaient arrivés dans le Haut-Canada avec des esclaves, après la Révolution américaine. Comme compromis, Simcoe adopta une loi qui permettait l'abolition graduelle de l'esclavage : les esclaves se trouvant déjà dans la province garderaient ce statut jusqu'à leur mort; mais plus aucun esclave ne pourrait être introduit sur le territoire du Haut-Canada. Quant aux enfants nés de mères esclaves et vivant dans la province, ils seraient désormais libérés à l'âge de 25 ans. Il s'agissait de la première loi limitant l'esclavage dans l'Empire britannique; elle resta en vigueur jusqu'en 1833, lorsque le Emancipation Act abolit l'esclavage dans tous les territoires sous contrôle britannique, y compris en Ontario.
- Un legs durable
En juillet 1796, juste quatre années après sa nomination comme premier lieutenant-gouverneur de l'Ontario, Simcoe dut retourner en Angleterre, en raison d'ennuis de santé. Il ne retourna plus au Haut-Canada et, en 1798, il renonça à ses fonctions de lieutenant-gouverneur. Plus tard, il occupa brièvement le poste de gouverneur de Saint-Domingue (Haïti), puis de commandant du district occidental en Angleterre. En 1806, il fut promu commandant en chef des Indes, mais mourut avant d'occuper ce poste. Il fut inhumé dans la chapelle Wolford, située dans la propriété de la famille Simcoe.
De nos jours, la chapelle appartient à la Fiducie du patrimoine ontarien. Des plaques provinciales commémorant le lieutenant-général John Graves Simcoe, 1751-1806, ont été érigées par la Fiducie à l'Assemblée législative, à Toronto, dans la chapelle Wolford, où Simcoe est inhumé, et dans sa maison d'Exeter, en Angleterre, où Simcoe s'éteignit.
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