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La Grande Guerre
Le 28 juin 1914, des nationalistes serbes radicaux assassinent l’archiduc François-Ferdinand en opposition à l’impérialisme austro-hongrois. Cet assassinat déclenche une guerre régionale dans les Balkans, mais, sous l’effet d’une succession d’événements en juillet, le conflit se transforme en une guerre internationale.
Le 4 août, l’Empire britannique est entraîné dans le tourbillon de la guerre, invoquant son attachement à honorer le traité de Londres en protégeant la souveraineté territoriale de la Belgique. Le Royaume-Uni est également partie à un accord diplomatique avec la France, l’Entente cordiale, en vertu de laquelle les deux pays s’engagent à se défendre mutuellement contre l’agression allemande. En tant que Dominion de l’Empire britannique, le Canada entre automatiquement en guerre, dans la foulée du Royaume-Uni. Lorsque la nouvelle parvient en Ontario, quelques festivités patriotiques sont organisées, mais pour la majeure partie de la population ontarienne, l’annonce de la guerre est perçue comme un événement tragique.
Le déclenchement d’une guerre entre les empires britannique et allemand est redouté bien avant 1914. L’auteur britannique H.G. Wells, entre autres, est convaincu qu’une expansion allemande incontrôlée inaugurera une période sombre. La guerre contre l’Allemagne s’étant désormais concrétisée, les parlementaires fédéraux du Canada se réunissent en session d’urgence. Les politiciens de part et d’autre de la Chambre se rallient à la cause et affirment leur engagement plein et entier envers l’effort de guerre des Alliés. Comme ils le proclament dans leurs discours, la guerre est une lutte noble consistant à défendre la paix et la démocratie contre l’autocratie et la culture militariste de l’Allemagne. Des groupes pacifistes et radicaux contestent ce point de vue, mais pour une grande partie de la population ontarienne, la Grande Guerre constitue une lutte juste à tous les égards.
Tout au long de la guerre, l’Ontario reste loin des combats terrestres, maritimes et aériens, mais la province est profondément touchée par l’effort de mobilisation et les sacrifices consentis. Les contributions de l’Ontario au Corps expéditionnaire canadien (CEC) témoignent de l’ampleur et de l’intensité de la guerre. En tout, 201 671 hommes volontaires sont recrutés en Ontario, parmi lesquels 153 029 sont nés dans la province. Ils représentent 41,8 p. 100 de l’effectif total des volontaires et un tiers des Ontariens en âge de servir. De plus, la province fournit 32 p. 100 des conscrits (39 869) et 44,6 p. 100 des infirmières militaires (1 115). Près des trois quarts des recrues ontariennes serviront outre-mer.
Sur le front occidental, le premier affrontement majeur du CEC contre l’armée allemande a lieu en mars 1915 à Neuve-Chapelle, en France. Le CEC est chargé d’entraver les renforts allemands tandis que la 1re Armée britannique tente de percer les lignes de front allemandes. L’offensive n’atteint pas son objectif principal et le CECperd 100 hommes. Le mois suivant, le CEC participe à la deuxième bataille d’Ypres. Au cours de cette bataille brutale, les soldats canadiens sont les premiers à subir les horreurs du chlore gazeux et les vagues d’attaques allemandes qui suivront. Ils résistent à l’offensive allemande jusqu’à l’arrivée des renforts britanniques et français, mais le coût humain est lourd. Plus de 2 000 soldats canadiens sont tués et 4 000 autres sont blessés.
Tout au long de la guerre, le CEC jouera un rôle clé dans des batailles majeures, notamment dans les batailles de Saint-Éloi (1916), du mont Sorrel (1916), de la Somme (1916), de la crête de Vimy (1917), de la cote 70 (1917), de Passchendaele (1917) et d’Amiens (1918), ainsi que dans les interventions menées à Amiens, à Cambrai et à Mons pendant les Cent derniers jours (1918). Ces batailles et ces combats d’usure infligeront des pertes colossales au CEC et coûteront la vie à 22 183 Ontariens, soit 37,5 p. 100 de l’effectif total du CEC. On ignore la répartition provinciale des personnes blessées, mais leur nombre s’élève à plus de 172 000. D’innombrables soldats souffrent également d’un trouble de stress post-traumatique, connu à l’époque sous le nom de « choc des tranchées ».
Comme expliqué dans les sections suivantes, la Grande Guerre a une incidence sur l’économie, la politique, les relations sociales et la culture de l’Ontario. Toutefois, le principal changement pour de nombreux Ontariens et Ontariennes tient peut-être à la perte de membres de leur famille et de leurs amis dans l’une des guerres les plus effroyables de l’histoire.