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L’impact de la guerre de 1812 sur le Haut-Canada
Introduction
Le 1er juin 1812, le président américain James Madison demanda au Congrès des États-Unis l’autorisation de déclarer la guerre au Royaume-Uni. Pour accompagner sa demande, Madison publia un message de guerre expliquant les raisons pour lesquelles lui et ses partisans politiques, connus sous le nom de « faucons de guerre », croyaient que la guerre était nécessaire. L’un des principaux problèmes était l’enrôlement forcé de milliers de marins américains par la Royal Navy britannique. Cette action, jugée injuste et perturbatrice pour le commerce américain, donna lieu à de violentes confrontations, telles que l’affaire Chesapeake-Leopard en 1807. Toujours en violation des droits commerciaux maritimes américains, les Britanniques interdirent aux navires américains de commercer avec la France dans le cadre d’un embargo visant à contrecarrer l’emprise croissante de Napoléon Bonaparte sur l’Europe. Pour ajouter à l’indignation des Américains, les Britanniques maintinrent le commerce avec les marchands français en vertu de licences spéciales. Ce double standard apparent révéla comment l’embargo maintenait les intérêts commerciaux britanniques aux dépens de l’Amérique. Une autre allégation était que les Britanniques conspiraient pour armer les Premières Nations dans l'Ouest, situées dans la région du Nord-Ouest américain, dans le but d’utiliser le conflit armé pour freiner l'expansion américaine. Les faucons de guerre se référèrent à la bataille de la Tippecanoe, le 7 novembre 1811, pour soutenir cette allégation. Compte tenu de ces allégations et d’autres raisons, le Sénat ratifia la déclaration de guerre par un vote de 19 contre 13. La Chambre des représentants soutint également la guerre par un vote de 70 contre 49. Avec le soutien du Congrès, le président Madison déclara la guerre au Royaume-Uni le 18 juin 1812. Les Britanniques répondirent en dénonçant la légitimité du conflit, affirmant que les Américains s’étaient ralliés au tyran Napoléon pour miner la liberté.
Bien que le Haut-Canada n'eut pas provoqué la guerre, il devint la principale cible des Américains. La province disposait d'un faible nombre de soldats professionnels pour sa défense. En 1812, il n'y avait que 5 600 soldats réguliers britanniques entre le Haut et le Bas-Canada. Bien sûr, l'Empire britannique disposait de dizaines de milliers de soldats professionnels, mais des renforts substantiels pour l'armée étaient peu probables pendant que Napoléon régnait en Europe. Une autre raison pour laquelle les combats seraient concentrés dans le Haut-Canada est que la Nouvelle-Angleterre restait largement neutre. Comme le soulignèrent les votes au Congrès, l'enthousiasme des Américains pour la guerre n'était pas unanime. En effet, la Nouvelle-Angleterre vendait des fournitures à l'armée britannique pendant la guerre. Avec une frontière neutre dans le nord-est, ainsi qu'un solide blocus naval britannique sur la côte atlantique, le Haut-Canada et les Grands Lacs allaient devenir le principal exutoire à l'agression américaine.
Les commandants américains étaient convaincus de pouvoir remporter une victoire rapide dans le Haut-Canada. Après tout, la majorité de la population du Haut-Canada (entre 60 000 et 80 000 personnes à l'époque) était d'origine américaine. Avec autant de colons américains, certains commandants américains croyaient que les Haut-Canadiens accueilleraient leur armée plutôt que de lui résister.
Pour la plupart, ces projections optimistes des forces américaines se révélèrent fausses. Après la capture par les Britanniques d'importantes places fortes américaines en 1812, la milice du Haut-Canada devint plus disposée à porter les armes. Les victoires inspirèrent également les guerriers des Six Nations, des Sept Nations et des Nations de l'Ouest à se joindre aux Britanniques contre les forces américaines. Pour de nombreux guerriers autochtones, la guerre était l'occasion de contrer l'expansion implacable des Américains, qui avaient la réputation d'être brutaux envers les peuples autochtones. En combattant aux côtés des Britanniques, les guerriers autochtones protégeaient leur territoire et tentaient d'obtenir le soutien de la Couronne pour les intérêts à long terme des Autochtones, dont la souveraineté.
À la fin de 1814, aucun des deux camps n'avait obtenu un avantage significatif. Cela conduisit les négociateurs britanniques et américains à faire des compromis sur les objectifs qu'ils souhaitaient atteindre et à signer le traité de Gand le 24 décembre 1814. La guerre prit officiellement fin lorsque le Congrès des États-Unis ratifia l'accord le 17 février 1815. Parmi les dispositions du traité figurait le règlement des questions relatives aux droits maritimes, aux frontières territoriales et au désarmement. Dans l'ensemble, les termes du traité renforcèrent les fondements d'une paix durable entre l'Amérique du Nord britannique et les États-Unis. Pour les alliés autochtones de la Couronne, qui ne furent pas autorisés à envoyer des représentants aux pourparlers de paix, le traité de Gand ne donnerait pas la priorité à leurs intérêts. Les Britanniques abandonnèrent leur demande d'un État iroquois indépendant au sud des Grands Lacs. Au mieux, ils convainquirent les États-Unis de rétablir le territoire et les droits autochtones selon les normes d'avant-guerre. L'absence de dispositions importantes pour les intérêts des Autochtones signifiait qu'il n'y avait pas de contre-mesures contre l'afflux de centaines de milliers d'immigrants européens qui arrivèrent après la guerre. À mesure que les communautés autochtones devinrent une minorité de plus en plus réduite, elles furent de plus en plus vulnérables à la subjugation, à l'assimilation et à l'empiétement territorial. Les résidents blancs et noirs du Haut-Canada – dont les maisons et les biens furent pillés ou détruits – durent attendre des décennies avant que les demandes d’indemnisation fussent traitées. Le début de la dépression d'après-guerre et les mauvaises récoltes intensifièrent encore leur lutte pour se remettre d'une guerre qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier.