Menu
Batailles au Haut-Canada et dans les Grands Lacs
Introduction
Lorsque les États-Unis déclarèrent la guerre au Royaume-Uni, le Haut-Canada était mal équipé pour mener une guerre de grande envergure. William Hull, le général américain qui dirigea la première invasion du Haut-Canada, était si convaincu de gagner qu'il s'attendait à une faible opposition. Au départ, l'optimisme de Hull semblait fondé, mais les réguliers britanniques, la milice canadienne et les guerriers autochtones remportèrent plusieurs batailles au cours de l'été 1812. Leurs victoires prouvèrent aux Américains que la conquête du Haut-Canada nécessiterait une longue et âpre bataille. Les sections ci-dessous examinent les principales batailles du Haut-Canada et des Grands Lacs environnants.
1812
La stratégie la plus prometteuse des Américains pour conquérir le Haut-Canada était de l’encercler entièrement. En s'emparant de Montréal ou de Kingston, les Américains pourraient perturber les lignes d'approvisionnement du Haut-Canada et pousser l'armée britannique à se rendre lorsqu'elle serait à court de nourriture et de munitions. Bien que cette stratégie fut idéale, les commandants américains ne l'adoptèrent pas en 1812. L'armée américaine en était encore aux premières phases de sa mobilisation et ne contrôlait pas les lacs Ontario et Érié. Au lieu de cela, les Américains lancèrent une offensive à deux volets : l'une à partir de Détroit dans le sud-ouest du Haut-Canada, et l'autre dans la péninsule du Niagara. Cette stratégie était fondée sur la conviction selon laquelle les forces britanniques étaient trop faibles pour résister à un assaut direct.
Étonnamment, la première grande victoire revint aux Britanniques. Ce succès était principalement attribuable à l'initiative d'un officier de rang inférieur, le capitaine Charles Roberts, cantonné sur la rive nord-ouest du lac Huron. Lorsque Roberts apprit que les États-Unis avaient déclaré la guerre, il rassembla une force de frappe pour attaquer le bastion américain entre les lacs Michigan et Huron. Le 17 juillet, Roberts conduisit 45 réguliers britanniques, 180 commerçants de fourrures et 400 guerriers autochtones au fort Michilimackinac, situé à proximité. Ignorant que la guerre avait commencé, la garnison américaine ne remarqua pas que Roberts avait placé un canon qui surplombait le fort. Surprise et déjouée, la garnison américaine se rendit sans combattre. La prise du fort Michilimackinac fut importante, car elle incita 600 guerriers des Nations de l'Ouest, menés par Tecumseh et son frère Tenskwatawa, ainsi que des guerriers ottawas et ojibwas, à se joindre à l'effort de guerre britannique. La victoire fut également avantageuse, car elle perturba le général Hull, qui avait commencé l’invasion du Haut-Canada à partir de Détroit une semaine plus tôt avec 2 000 soldats. Apprenant que Brock s'était assuré le soutien des guerriers des Nations de l'Ouest, et n'ayant pas apporté suffisamment d'équipement pour assiéger le fort Amherstburg, Hull se retira à Détroit et attendit des renforts.
En retournant à Détroit, les messagers de Hull tombèrent dans une embuscade tendue par Tecumseh. Les lettres du général américain furent prises et remises à Brock, ce qui permit à ce dernier d'apprendre que Hull craignait une attaque contre Détroit. Sachant que l'armée américaine était entravée par un leadership faible, Brock et Tecumseh assiégèrent l'armée américaine au fort Détroit. Ils utilisèrent des tactiques astucieuses pour intimider la garnison américaine, notamment exagérer le nombre de leurs guerriers autochtones en déplaçant à plusieurs reprises les mêmes troupes dans les bois, à la vue de la garnison. Pendant ce temps, Hull était malade, buvait beaucoup et négligeait ses devoirs. Le vétéran de la guerre d'Indépendance perdit la volonté de se battre et se rendit. Ce fut une victoire stupéfiante pour les Britanniques, car 2 200 soldats américains (dont 600 réguliers) furent faits prisonniers. Les Britanniques saisirent également 35 canons, 2 500 mousquets, 500 fusils, des munitions et un brick.
Le général Hull échoua peut-être dans ses fonctions, mais cela n'empêcha pas le général Van Rensselaer de commencer son invasion du côté britannique de la péninsule du Niagara. Sous le commandement de Van Rensselaer se trouvaient environ 6 000 soldats (dont la moitié étaient des réguliers). Il avait en outre 100 guerriers sénécas de New York et 2 000 autres miliciens en route. Du côté britannique, il y avait moins de 1 000 réguliers, 600 miliciens et une réserve d'environ 600 miliciens et guerriers autochtones. Voulant éviter de perdre des forces à cause des désertions et des maladies, et s'inquiétant en outre des conditions météorologiques changeantes, Rensselaer commença son invasion et traversa la rivière Niagara le 13 octobre.
L'incursion initiale se passa mal. Le courant de la rivière entraîna les navires de transport vers l'aval, et les soldats américains qui débarquaient subirent le feu nourri de l'artillerie britannique sur Queenston Heights. Finalement, un groupe de soldats américains attaqua la batterie britannique et prit la position. Le général Brock, qui arrivait du fort George, mena une contre-attaque sur la colline et chargea aux côtés de 200 soldats. Brock, qui criait des mots d'encouragement enflammés, fut abattu d'une balle dans la poitrine. Le lieutenant-colonel John Macdonell poursuivit l'assaut, mais il fut également blessé. Bien que les Américains eurent l'avantage, John Norton et les guerriers des Six Nations de la rivière Grand empêchèrent les Américains d'avancer. Cela permit au major général Roger Scheaffe d'amener des renforts britanniques et autochtones depuis le fort George et de prendre la position américaine à revers. À la fin de la bataille de Queenston Heights, 500 Américains furent tués ou blessés et 900 furent capturés. En comparaison, les Britanniques et leurs alliés autochtones n'eurent que 19 morts, 77 blessés et 21 disparus. Il s'agit d'une défaite décisive pour les Américains, qui obligea Rensselaer à quitter le commandement peu de temps après. Le brigadier-général Smyth fut nommé pour le remplacer, mais ses tentatives pour traverser la rivière Niagara échouèrent également.
Sur les Grands Lacs, la guerre de 1812 prit forme plus progressivement. Sur le lac Ontario, les Britanniques commencèrent la guerre avec un avantage sur les deux lacs. Brock chercha à en profiter en attaquant Sackets Harbor, dans l'État de New York, et à empêcher les Américains de créer une flotte. Prevost négocia cependant un cessez-le-feu, espérant qu'un récent changement de la politique britannique concernant le commerce américain suffirait à mettre fin à la guerre. Mais Prevost se trompa et les Américains profitèrent du cessez-le-feu pour consolider leur présence navale sur les Grands Lacs. À la fin de l'automne 1812, l'occasion de frapper Sackets Harbor était passée. Le capitaine Isaac Chauncey arriva pour superviser les opérations américaines sur les lacs Ontario et Érié, et les fournitures et les marins américains affluèrent à Sackets Harbor. Le 8 novembre, les Américains lancèrent sur le lac Ontario une flotte composée de sept navires de guerre, ce qui poussa la flotte britannique à se retirer à Kingston. Les Américains ajoutèrent également le Madison le 26 novembre. Ce navire de 24 canons devint le navire de guerre le plus redoutable du lac Ontario, ce qui renforça le contrôle naval américain. Sur le lac Érié, les Américains commencèrent à construire une base navale à Presque Isle. Les caractéristiques géographiques du port empêchèrent les Britanniques d'effectuer une attaque directe, mais elles rendirent également difficile le lancement de nouveaux navires. Dans l'ensemble, l'emprise britannique sur les lacs Ontario et Érié s'affaiblit à la fin de 1812, car les Américains purent consacrer davantage de ressources à la construction de bases navales et de flottes.
1813
L'invasion américaine du Haut-Canada en 1812 fut une défaite retentissante, mais la volonté américaine de se battre resta forte au cours de la nouvelle année. Tant que le gros de l'armée britannique était préoccupé par Napoléon, les Américains gardaient la perspective de submerger les défenseurs du Haut-Canada.
En janvier, le brigadier général américain William Harrison dirigea une armée de plus de 6 000 soldats pour reprendre Détroit. Après avoir sécurisé la colonie voisine de Frenchtown, le major-général Henry Procter et Tecumseh menèrent une contre-attaque surprise avec leur force de 500 soldats et 600 guerriers. Le pari s'avéra payant, car les Américains subirent 400 pertes. Cinq cents autres soldats furent également faits prisonniers. Après la défaite, l'armée américaine se retira plus au sud-ouest et construisit Fort Meigs pour renforcer sa position.
Le mois suivant, les Britanniques lancèrent une nouvelle attaque. Cette fois, l'objectif était Ogdensburg, dans l'État de New York, située sur la rive américaine du fleuve Saint-Laurent. En face d'Ogdensburg se trouvait la palissade britannique autour de la maison du colonel Edward Jessup et du fort Wellington. Malgré la proximité des garnisons britanniques, les Américains d'Ogdensburg demeurèrent une menace constante pour les lignes d'approvisionnement britanniques. Cherchant à mettre fin à cette menace, le lieutenant-colonel George Macdonell sortit du fort Wellington contre les instructions de Procter et réussit à capturer Ogdensburg. Les forces britanniques incendièrent le fort américain et s'emparèrent de ses provisions. L'action audacieuse de Macdonell permit de sécuriser la route d'approvisionnement pour le reste de la guerre. Avec ces victoires en janvier et février, les Britanniques et leurs alliés autochtones commencèrent bien l'année. Cependant, les marées de la guerre allaient bientôt se retourner contre eux.
La domination navale de la flotte américaine sur le lac Ontario signifiait que les Américains pouvaient cibler plus facilement les fortifications et les colonies le long de la côte. Elle fournissait également une route directe vers Kingston et Montréal. Le général Dearborn et le commodore Chauncey estimaient toutefois que ces deux positions étaient trop bien défendues au début de l'année et choisirent plutôt d'attaquer la capitale du Haut-Canada, la ville de York.
Stratégiquement, York n'était pas très importante, mais ses faibles défenses en faisaient une cible facile pour saisir des navires et des fournitures militaires. Fin avril, les Américains traversèrent le lac Ontario avec une armada de 12 goélettes, un brick (Oneida) et une corvette (Madison). Au total, il y avait 900 marins, plus de 60 canons et une armée de 1 700 soldats. Pour mettre en perspective la taille de cette force, il faut savoir que la force d'invasion était plus importante que la population de York, soit 625 habitants, et que la garnison britannique, composée de 300 réguliers et d'environ 500 miliciens, dockers et guerriers autochtones. Les chances de gagner étant en leur faveur, les Américains commencèrent la bataille de York le 27 avril.
L'attaque américaine envahit rapidement les défenses britanniques. Concédant la perte de la capitale du Haut-Canada, le major-général Sheaffe s'efforça de priver les Américains de leur butin avant de se retirer à Kingston. Il ordonna à ses troupes de faire exploser le grand magasin de York – le principal entrepôt d'explosifs et de munitions. L'explosion massive prit les Américains par surprise. Des débris de pierre tombèrent dans les environs, tuant ou blessant 250 soldats américains. Parmi les victimes figurait le général américain qui dirigea l'assaut, Zebulon Pike. Les Britanniques réussirent également à détruire une partie de leurs navires et de leur matériel.
Pendant l'occupation, certaines maisons et certains magasins furent pillés sans sanction militaire. Les bâtiments publics de York, y compris les édifices du Parlement, furent incendiés. Bien que les Américains réussirent à piller York, le coût en fût plus élevé que prévu. Les Américains subirent 320 pertes, tandis que les Britanniques en subirent 157, dont 13 guerriers autochtones. Après avoir pillé York, les Américains n'eurent aucune raison de poursuivre leur occupation. Le 8 mai, l'armée américaine embarqua sur la flotte du commodore Chauncey et fit route vers la péninsule du Niagara.
Peu après son arrivée à Niagara, la flotte de Chauncey commença à bombarder le fort George. L'attaque navale permit de déployer de 4 000 à 5 000 soldats américains. Puisqu’il n’y avait que 1 000 soldats britanniques et guerriers autochtones, l'attaque américaine fut une fois de plus écrasante. En quelques jours, le brigadier-général britannique John Vincent ordonna une retraite à grande échelle de la frontière du Niagara et se regroupa à Burlington Heights. Le commodore Yeo, commandant la marine britannique sur le lac Ontario, tenta d'exploiter l'inquiétude de la flotte de Chauncey par une attaque-surprise contre Sackets Harbor. Des vents défavorables l'empêchèrent toutefois d'infliger des dommages importants. De retour sur la péninsule du Niagara, le général Dearborn avança avec 3 000 soldats vers la position britannique dont le campement était installé à Stoney Creek le 5 juin. Les Britanniques recueillirent des renseignements sur la position américaine et, malgré une forte infériorité numérique, le lieutenant-colonel John Harvey mena une attaque-surprise de nuit. La bataille fut chaotique. Bien que les Britanniques subirent de lourdes pertes, ils capturèrent de nombreux officiers américains. Peu après, la flotte britannique arriva, et le général Dearborn ordonna à l'armée américaine de se retirer au fort George.
Plus tard en juin, une autre bataille importante eut lieu dans la péninsule du Niagara – la bataille de Beaver Dams. Le 24 juin, 600 soldats américains furent envoyés pour harceler les postes britanniques le long de la rivière Niagara. Laura Secord, une résidente de Queenston, entendit les Américains discuter de l'attaque. Désireuse d'avertir les commandants britanniques, elle entreprit un périple de 30 km à travers les bois en pleine nuit. L'avertissement de Secord confirma les soupçons d'une attaque imminente. Cela incita John Norton à organiser une embuscade afin de pouvoir intercepter les Américains à Beaver Dams. Il était accompagné de 180 guerriers des Sept Nations, de 200 guerriers de la rivière Grand, de 12 guerriers de Thames River, de 70 guerriers d’Ojibway et de Mississauga et d'un petit groupe de miliciens. À leur grande satisfaction, les Américains arrêtèrent leur colonne au milieu du piège, et une lutte intense s'engagea. Après des heures de combat, les Américains furent contraints à une position impossible et se rendirent. Les Autochtones accusèrent des pertes de 50 guerriers, dont cinq chefs, mais les Américains accusèrent des pertes de 100 soldats, et les 500 soldats restants furent faits prisonniers.
Les Britanniques et leurs alliés autochtones résistèrent à l'offensive américaine sur la péninsule du Niagara et remportèrent des victoires impressionnantes. Sur la frontière du Michigan, cependant, les Américains reprirent l'avantage. Procter et Tecumseh tentèrent de repousser les Américains hors du fort Meigs en avril et en mai, ainsi que du fort Stephenson en août, mais les offensives échouèrent. Entre-temps, sur le lac Érié, les Américains lancèrent de nouveaux navires et vainquirent la petite flotte britannique négligée, dirigée par le capitaine Robert Barclay. Ayant perdu le contrôle du lac Érié et ne parvenant pas à déloger l'armée américaine, Procter ordonna la retraite du territoire du Michigan. Tecumseh accepta à contrecœur. Alors que Procter et Tecumseh ramenaient leur force de 950 soldats, miliciens et guerriers dans le Haut-Canada, ils furent interceptés par les Américains dans la vallée de la Thames. Lors de cette bataille, connue sous le nom de bataille de Moraviantown, les forces américaines eurent un avantage numérique de trois contre un. Le général Procter et quelques soldats et guerriers s'échappèrent, mais Tecumseh fut tué au combat. Sa mort eut un impact si profond sur le moral des guerriers des Nations de l'Ouest qu'ils signèrent un cessez-le-feu avec le général américain. Tenskwatawa fut l'un des rares guerriers des Nations de l’Ouest à continuer à se battre avec les Britanniques.
Avant la fin de l'automne 1813, les Américains lancèrent finalement une offensive majeure visant à capturer Montréal. Le remplaçant du général Dearborn, le major-général Wilkinson, dirigea l'offensive américaine. Celle-ci débuta lorsque la flotte américaine quitta Sackets Harbor avec 7 000 à 8 000 soldats, dont la plupart provenaient de la frontière du Niagara. Avec ses navires chargés de troupes, le commodore Chauncey traversa le lac Ontario jusqu’à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Il était confiant dans la supériorité de sa flotte, car il avait récemment chassé la flotte britannique vers la sécurité de Burlington Heights. Cet affrontement, connu sous le nom de courses de Burlington, fit peu de victimes.
L'attaque par le fleuve Saint-Laurent ne se déroula pas comme prévu. Les renforts de New York ne furent pas déployés, les transports américains essuyèrent des tirs inattendus de la milice canadienne, et Wilkinson tomba très malade. Le 11 novembre, une bataille majeure eut lieu, la bataille de Crysler's Farm. Le brigadier-général américain John Boyd, à la tête de 4 000 soldats débarqués, fut attaqué par le lieutenant-colonel Joseph Morrison, qui dirigeait une force de 800 soldats britanniques réguliers, miliciens et guerriers autochtones. La bataille se déroula en terrain ouvert, ce qui était idéal pour les réguliers britanniques bien entraînés. Au final, il y eut plus de 300 pertes américaines, et 100 soldats américains furent faits prisonniers. Les forces britanniques subirent deux fois moins de pertes. La bataille de Crysler's Farm fut un coup dur pour la campagne américaine. Celle-ci, combinée à l'absence des renforts attendus, à une pénurie d'approvisionnement et à l'approche de l'hiver, amena les commandants américains à abandonner leur offensive.
Compte tenu du redéploiement des troupes américaines pour participer à l'attaque contre Montréal, la frontière américaine du Niagara était peu surveillée. Pour tirer parti de cette faiblesse, le lieutenant-gouverneur Drummond et le major-général Riall passèrent à l'offensive en décembre, amenant le brigadier-général américain George McClure à abandonner le fort George. Avant de se replier sur la rivière Niagara pour aller tenir garnison au fort Niagara, McClure ordonna à ses soldats de brûler la ville voisine de Newark (aujourd'hui Niagara-on-the-Lake). C'était un crime qui ne serait pas oublié de sitôt. Les Britanniques et leurs alliés autochtones poursuivirent leur progression. Après avoir surpris la garnison américaine au fort Niagara, ils s'en emparèrent avec peu d'effusion de sang et capturèrent 350 soldats américains. Alors que l'offensive se poursuivait, des villes et des navires américains furent capturés. En représailles pour Newark, Riall incendia quelques villes et villages voisins, dont Lewiston, Black Rock et Buffalo. Ce fut une fin sombre pour une année sanglante de combat.
1814
Au début de 1814, ni les Britanniques ni les Américains n'obtinrent un avantage significatif dans la lutte pour le Haut-Canada. Les Américains prirent le contrôle du lac Érié, mais les Britanniques et leurs alliés autochtones capturèrent les forts Niagara et Michilimackinac. Entre-temps, le contrôle du lac Ontario passait continuellement des Américains aux Britanniques et vice versa, qui lançaient tous deux de nouveaux navires de guerre plus grands. Malgré de lourdes pertes et peu de gains, les combats intenses se poursuivirent en 1814. L'armée américaine était mieux entraînée et équipée que les années précédentes. Cet avantage, cependant, ne dura pas longtemps. Après l'abdication de Napoléon en avril, les Britanniques déployèrent 14 régiments aguerris et des généraux expérimentés pour l'effort de guerre contre les États-Unis.
La première moitié de l'année 1814 consista principalement en de petites expéditions et escarmouches le long des frontières du Haut-Canada. L'une des plus notables est le raid de Campbell. Une armée américaine composée de 800 réguliers et miliciens et dirigée par le lieutenant-colonel John Campbell incendia les colonies de Dover et de Ryerse's Mills et ravagea les communautés voisines. Ce raid destructeur fut la réponse des Américains à l'incendie de Buffalo et d'autres colonies à la fin de 1813. La principale raison de ces engagements plus limités était que les Britanniques avaient lancé de nouveaux navires au printemps et avaient repris le contrôle du lac Ontario. Les Américains ne pouvaient donc pas attaquer Kingston ou Montréal depuis le fleuve Saint-Laurent avant d’avoir retrouvé la suprématie navale. Le général Wilkinson tenta d'attaquer Montréal à partir de New York en mars, mais il ne voulut pas s'engager dans une attaque de grande envergure après que ses forces furent facilement repoussées.
Cherchant à obtenir une certaine influence pour les pourparlers de paix durant la seconde moitié de l'année, les commandants américains se concentrèrent sur la péninsule du Niagara et le fort Michilimackinac. L'offensive du Niagara débuta en juillet, et le major-général Jacob Brown fut nommé pour superviser la campagne. Brown commandait une force numériquement supérieure à celle des Britanniques, mais il dut également faire face aux nouveaux forts britanniques, le fort Mississauga et le fort Drummond, qui furent construits respectivement sur la rive nord-ouest de la rivière Niagara et sur les hauteurs de Queenston.
Au début de la campagne, les forces américaines encerclèrent facilement le fort Érié et forcèrent la garnison britannique à se rendre. Le général Riall tenta une contre-attaque à Chippawa, mais il sous-estima la force adverse et subit une défaite coûteuse. La bataille de Chippawa serait une bataille importante, car elle mena au retrait de la plupart des guerriers des Six Nations. Au cours du combat, les guerriers des Six Nations de la rivière Grand et de New York s’affrontèrent, faisant plus de 100 victimes. Les avertissements des chefs de la paix au début de la guerre – à savoir que la participation des Six Nations mènerait à un fratricide – résonnèrent fort après Chippawa. Les énormes pertes pesèrent lourd sur les guerriers restants, et la plupart acceptèrent de se retirer de la guerre ou de limiter leur participation.
Après la bataille de Chippawa, les Américains maintinrent l'initiative et pressèrent leur attaque. Le général Brown avança vers Queenston, mais la flotte de Chauncey n'arriva pas en renfort. Par conséquent, Brown estima que sa position risquait d'être coupée de tout ravitaillement, et il battit en retraite. Ce retrait incita Riall à poursuivre Brown, ce qui conduisit leurs armées à s'affronter à Lundy’s Lane. Une lutte acharnée s'engagea pour la position de l'artillerie britannique au sommet de la colline. Finalement, Brown ordonna une retraite. Par la suite, les pertes furent presque égales. Les Américains perdirent 900 soldats et les Britanniques 800. Un taux de pertes aussi élevé des deux côtés en fit la bataille la plus sanglante de la guerre.
En août, l'élan passa du côté des Britanniques, qui passèrent à l'attaque dans la péninsule du Niagara. Drummond ordonna à ses troupes d'assiéger le fort Érié, mais n'ayant pas fait suffisamment de dégâts aux défenses, l'assaut se solda par 366 pertes et 539 soldats disparus. Les Américains, qui avaient gardé le contrôle du fort, ne subirent que 84 pertes. Ce fut une défaite cuisante pour les Britanniques et le reste des alliés autochtones. Lorsque le major-général Izard renforça la position américaine avec 4 000 soldats en novembre, il décida de détruire le fort et de marcher ensuite vers la rive américaine de la rivière Niagara. La dernière bataille entre les deux armées sur la péninsule fut peu spectaculaire. Izard mena une petite force vers Cook's Mills, qui repoussa la force britannique et permit à Izard de détruire l'approvisionnement en grains et en farine.
Avec la tentative infructueuse des Américains de reprendre le fort Michilimackinac en août, les États-Unis terminèrent l'année 1814 sans avoir fait de gains substantiels. Même au-delà du Haut-Canada, il y eut quelques batailles importantes, mais peu de terrain fut gagné par les deux camps. Par exemple, les Britanniques attaquèrent Washington, D.C. en août et ne rencontrèrent qu'une résistance minime lors de leur approche par Bladensburg, Maryland. En représailles à la destruction de York, les Britanniques brûlèrent les bâtiments publics de Washington, y compris la Maison du Président (connue aujourd'hui sous le nom de Maison Blanche). Les Britanniques lancèrent également une offensive infructueuse à New York. Prevost dirigera une armée qui traversera l'État de New York le long du lac Champlain. Avant qu'une bataille majeure ne fût livrée, Prevost ordonna la retraite, car la marine de soutien sur le lac avait été vaincue.
Dans l'ensemble, les batailles de 1814 ne permirent pas aux négociateurs britanniques ou américains d'avoir plus de poids lors de leurs pourparlers de paix en Belgique. Les Britanniques eurent un léger avantage en occupant le fort Michilimackinac et le fort Niagara, mais la lassitude de la guerre sapa leur volonté de poursuivre le combat. Le 24 décembre 1814, les négociateurs parvinrent à un accord que le Congrès des États-Unis ratifia le 17 février 1815.