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L'établissement des Noirs en Ontario

À leur arrivée au Canada, de nombreux Noirs libérés s'installèrent dans les villes d'Amhersburg, Chatham, London, Oro, Woolwich et Windsor, dans ce qui est aujourd'hui l'Ontario. D'autres traversèrent les Grands Lacs pour devenir libres et s'implantèrent à Owen Sound et Toronto. Ici, en Ontario, aux côtés des Loyalistes noirs arrivés dans la province après la guerre de l'Indépendance américaine, ils refirent leur vie et bâtirent des collectivités durables tout au long du XIXe siècle, et contribuèrent à la défense et au développement de la province.

Pendant la guerre de 1812, des volontaires noirs se battirent sous le drapeau britannique pour défendre leur nouvelle patrie et éviter le retour de l'esclavage sous le régime américain. Une unité noire séparée appelée « Colored Corps » fut formée et se battit une nouvelle fois lors de la Rébellion de 1837, pour défendre le gouvernement et soutenir les droits des Noirs dans la province.

En 1815, des anciens combattants noirs de la guerre de 1812 se virent octroyer des terres dans le canton d'Oro par le lieutenant-gouverneur Sir Peregrine Maitland. La majorité des terres distribuées n'étant cependant pas cultivables, nombre de ceux qui les avaient reçues durent déménager pour trouver un emploi.

En 1830, près de Lucan (Ontario), une collectivité noire assez grande, appelée établissement Wilberforce, fut fondée par d'anciens résidents de Cincinnati qui avaient fui les Codes noirs de l'Ohio. L'établissement fut dissout six années plus tard à cause des mauvaises décisions financières prises par ses dirigeants. La même année, Josiah Henson, son épouse et leurs quatre enfants retrouvaient la liberté.

Josiah Henson, illustre abolitionniste et leader de la communauté noire, joua un rôle crucial dans la création de l'établissement Dawn en 1841, près de la ville actuelle de Dresden en Ontario, et de son école de formation professionnelle, le British American Institute, l'année suivante. L'établissement Dawn était une communauté rurale où les Noirs pouvaient mettre en commun leur travail, leurs ressources et leurs compétences pour s'entraider et aider les nouveaux venus. Il y avait des terres agricoles, une scierie, un moulin à broyer le grain, une briqueterie, une manufacture de cordes et une école. Le British American Institute était un élément clé de l'établissement. Cette école de formation professionnelle enseignait une variété de savoir-faire scolaires et techniques à ses élèves, qui avaient accès aux ressources de la communauté pour affuter leurs compétences.

En 1849, le révérend William King acheta des terres près de Chatham, en Ontario, par l'intermédiaire de l'Elgin Association et, avec 15 anciens esclaves, il créa l'établissement Elgin de Buxton. Le révérend King avait été nommé dans la région par l'église presbytérienne. Il venait des États-Unis mais ne voulait pas y laisser ses anciens esclaves, qui auraient été recapturés et seraient retombés dans leur ancienne condition. Ainsi, le révérend King et ses anciens esclaves arrivèrent au Canada ensemble et montèrent, avec succès, un établissement agricole à Buxton. Dans les années 1860, au moins 2 000 personnes vivaient sur place et l'établissement avait acquis une très bonne réputation grâce à l'éducation de qualité supérieure que recevaient les élèves à l'école locale.

Au début des années 1850, deux journaux abolitionnistes importants furent créés dans ce qui était alors l'Ouest canadien. Le premier, nommé The Voice of the Fugitive, fut créé en 1851 par Henry et Mary Bibb à Windsor (Ontario) et publiait des articles sur le chemin de fer clandestin. C'est en 1853 que Mary Ann et Isaac Shadd fondèrent le second, qui avait pour nom The Provincial Freeman. En 1854, les Shadd publiaient leur journal toutes les semaines depuis Toronto. Mary Ann Shadd fut la première Noire d'Amérique du Nord à détenir et publier un journal. Le journal fut ensuite publié depuis Chatham, en Ontario.

L'Anti Slavery Society of Canada fut également fondée à Toronto en 1851 par des Noirs et des Blancs qui voulaient, ensemble, « aider à abolir l'esclavage dans le monde entier ». La société aidait les esclaves voulant retrouver leur liberté au Canada et s'efforçait d'influencer l'opinion publique au sujet de l'esclavage. Des antennes de la société virent le jour plus tard dans d'autres régions de la province.

La guerre de Sécession américaine éclata en 1861. En 1862, l'interdiction faite aux Noirs d'entrer dans l'armée fut levée et quelque 1 000 Canadiens noirs s'engagèrent dans différents régiments de l'Union Army. En 1863, Abraham Lincoln fit la Proclamation d'émancipation, déclarant les esclaves libres. À la fin de la guerre de Sécession, en 1865, le treizième amendement à la Constitution abolit officiellement l'esclavage aux États-Unis. Une période de reconstruction du pays s'ensuivit. À cette époque, certains Noirs quittèrent le Canada pour retourner vivre librement aux États-Unis.