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Le patrimoine noir de l'Ontario au XXe siècle
Le racisme et la discrimination envers les Noirs ne disparurent pas avec l'abolition de l'esclavage. Que ce soit aux États-Unis ou au Canada, ils continuèrent tout au long du XXe siècle, tout comme la lutte pour la liberté, les droits et la dignité des Noirs dans toute l'Amérique du Nord.
Au cours du XXe siècle, les Noirs de l'Ontario furent très présents au sein des institutions militaires, culturelles, judiciaires et politiques du Canada. Pendant la Première Guerre mondiale, plus de 600 hommes de tout le Canada et des États-Unis combattirent au sein du 2e Bataillon de construction et dans d'autres unités noires. Formé en 1916, ce bataillon se battit en France aux côtés du Corps forestier canadien. Sur le front intérieur, les Noirs participaient activement à l'effort de guerre, que ce soit en tant qu'employés ou bénévoles. Une enseignante et compositrice de North Buxton, Hettie Rhue Hatchett, écrivit ce qui deviendra plus tard la chanson de marche officielle de l'armée canadienne, « That Sacred Spot », pour les soldats pendant la guerre.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, des centaines d'Afro-Canadiens se battirent aux côtés des Blancs sur les champs de bataille européens. Sur le front intérieur, les Afro-Canadiens étaient embauchés dans tout le pays pour exercer des métiers en tous genres, remplaçant les Canadiens engagés dans l'armée. C'est à cette époque que de nombreux travailleurs noirs s'affilièrent à des syndicats de travailleurs pour la première fois, notamment la Fraternité des porteurs de wagons-dortoirs créée en 1942. En 1945, ce syndicat fut le premier à signer une convention collective avec le Canadien Pacifique.
Après la Seconde Guerre mondiale, de jeunes Afro-Canadiens rentrèrent chez eux encore plus conscients de leurs droits inhérents à être traités avec dignité. En 1948, Hugh Burnett et d'autres Noirs de Dresden, Chatham et Buxton organisèrent la National Unity Association pour combattre la discrimination dans les secteurs de l'emploi, du logement et de l'accueil du public en Ontario. En réponse aux pressions et manifestations de l'association et d'autres organisations de protection des Noirs et des travailleurs, le gouvernement de l’Ontario adopta, en 1951, la Loi concernant les pratiques d'emploi équitables, qui rendait illégale la discrimination fondée sur la race, les croyances ou l'origine nationale.
La National Unity Association joua également un rôle clé dans la campagne pour la Loi concernant les pratiques équitables en matière d'hébergement en Ontario. Un lobbying actif, associé à des actes de résistance, entraîna l'adoption, en 1954, de cette loi qui faisait de la discrimination dans les lieux publics fondée sur la race, la couleur, les croyances, l'ascendance ou la nationalité une infraction. La loi garantissait que les plaintes pour discrimination dans les lieux publics feraient l'objet d'une enquête et d'une conciliation et que, dans la mesure du possible, des accusations seraient portées.
Ces avancées législatives étaient, en grande partie, le fruit des pressions et de la résistance exercées par les Noirs en Ontario. Elles posèrent les bases de formes plus institutionnalisées de participation politique dans les années 1960 et par la suite. En 1962, le Code des droits de la personne de l’Ontario, le premier du genre au Canada, fut adopté. Monsieur Daniel Hill devint le premier directeur de la Commission ontarienne des droits de la personne, créée une année auparavant pour administrer le Code. En 1963, Leonard Braithewaite devint le premier Afro-Canadien détenteur d'un siège au sein d'un parlement provincial après avoir été élu pour le Parti libéral dans la circonscription d'Etobicoke. Et, en 1968, Lincoln Alexander fut le premier Afro-Canadien élu à la Chambre des communes à Ottawa, où il représentait Hamilton-Ouest. Sa nomination comme lieutenant-gouverneur de l'Ontario en 1985 fit de lui le premier Noir occupant un poste vice-royal au Canada.
Ces réalisations des Afro-Canadiens, de même que d’autres accomplissements tout aussi importants, continuent au XXIe siècle. Ils constituent des jalons importants vers l’abolition de la discrimination et de l'oppression.