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Fondation de Georgetown

Le 26 juin 2013, la Fiducie du patrimoine ontarien, la municipalité de Halton Hills, le conseil de bibliothèques publiques de Halton Hills et la Esquesing Historical Society ont inauguré une plaque commémorative à la bibliothèque et au centre culturel de Halton Hills (Georgetown), en Ontario, afin de célèbre la création de Georgetown.

Voici le texte bilingue de la plaque :

FONDATION DE GEORGETOWN

    En 1818, des officiers de l’armée britannique font l’acquisition d’un lot de terrain auprès des Mississauga, et en 1819 commence l’arpentage initial du canton d’Esquesing. Un arpenteur du canton, Charles Kennedy, achète avec plusieurs de ses frères des terrains situés au sein de la vallée de Silver Creek. George Kennedy endigue le ruisseau qui traverse sa propriété pour y construire une scierie, puis un moulin à blé. L’ensemble constitue le cœur d’un petit établissement connu sous le nom de « Hungry Hollow ». La route reliant York à Guelph (l’actuelle route 7) est ouverte à la circulation en 1828, et l’établissement rejoint alors le tissu économique de la province. Vers 1837, le hameau prend le nom de Georgetown. En 1856, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada y fait passer le tronçon ferroviaire reliant Toronto à Sarnia, offrant ainsi d’autres possibilités de croissance à la collectivité. Georgetown est constitué en village en 1865, et en ville en 1922. En 1974, Georgetown et une vaste partie du canton d’Esquesing fusionnent avec Acton et d’autres collectivités pour former la ville de Halton Hills.

FOUNDING OF GEORGETOWN

    After British officials acquired a block of land from the Mississaugas in 1818, the initial survey of Esquesing Township was undertaken in 1819. A township surveyor, Charles Kennedy, and several of his brothers settled lands located in the Silver Creek Valley. George Kennedy dammed the stream running through his property to establish a sawmill and later a gristmill. This provided the nucleus of a small settlement, known as “Hungry Hollow.” The York to Guelph Road (now Highway 7) opened in 1828, connecting the settlement to the broader economic development of the province. Around 1837, the hamlet became known as Georgetown. In 1856, the Grand Trunk Railway opened its line from Toronto to Sarnia through the community, providing new opportunities for growth. Georgetown was incorporated as a village in 1865 and as a town in 1922. In 1974, Georgetown and much of Esquesing Township amalgamated with Acton and other communities to form the Town of Halton Hills.

Historique

L’histoire de Georgetown s’articule autour de trois grands tournants : l’arrivée des premiers pionniers, l’essor industriel et l’avancée des moyens de communication, sur voie terrestre et sur voie ferrée. Ces grandes étapes ont façonné l’identité du village, lui permettant de se distinguer parmi les petits peuplements du canton d’Esquesing.1

Les prémisses de Georgetown

La région, qui deviendra Georgetown par la suite, est peuplée par des Européens dès 1819 après l’arpentage du canton d’Esquesing dans le district de Gore.2 Auparavant, les Premières Nations y étaient présentes depuis plus de 11 000 ans. Au 19e siècle, les Mississaugas occupent notamment des camps de pêche à l’embouchure de la rivière Credit sur le lac Ontario et plus au nord, dans la vallée en amont de cette même rivière. Selon les archives des premiers pionniers, les Mississaugas demeurent présents dans les années 1820. Toutefois, leur nombre diminue face à l’afflux croissant des nouveaux arrivants.3 En 1818, suite à l’acquisition d’une parcelle par des fonctionnaires britanniques auprès des Mississaugas, des relevés topographiques sont entrepris sur ce qui deviendra les cantons d’Esquesing et de Nassagaweya.4

L’arpentage de la partie nord de la parcelle est confié au capitaine Abraham Nelles qui engage alors Charles Kennedy pour s’en charger. Originaire du New Jersey, ce dernier fait partie d’une famille venue s’installer en 1795 dans le canton de Gainsborough dans la péninsule du Niagara. C’est durant la guerre de 1812, à laquelle il participa comme combattant avec plusieurs de ses frères, qu’il a probablement fait la connaissance du capitaine Abraham Nelles, officier du 4e régiment de la milice Lincoln.5

Une fois la zone nord du canton d’Esquesing arpentée, Charles Kennedy prend possession du 21e lot de la 8e concession, au bord du ruisseau Silver. Ses frères le rejoignent ensuite pour occuper les lots au nord et au sud de sa propriété. Plus précisément, Morris et George Kennedy s’installent en aval sur le 20e lot de la 9e concession, Morris sur la moitié ouest du lot, et George, sur la moitié est. En 1823, George acquiert également le 18e lot, situé plus en aval. Sur ses terres, George construit une digue pour retenir le cours de l’eau et bâtit une scierie, à l’instar de son frère Charles sur son propre terrain.

Durant la décennie qui suit, la scierie de George, situé dans la vallée du ruisseau Silver et accessible par un chemin allant vers l’est depuis la 8e concession, devient le centre d’un hameau surnommé « Hungry Hollow » où ne vivent alors, comme le raconte la tradition, que les familles de George Kennedy, du marquis Goodenow et de Sylvester Garrison.6 Les premiers temps de cette petite communauté semblent difficiles, principalement en raison de son isolement dans la vallée du ruisseau, loin des voies de circulation principales reliant les régions plus peuplées du Haut-Canada. En effet, d’autres lieux, comme le village d’Esquesing (nommé par la suite Stewarttown), jouissent d’un emplacement plus favorable. Niché sur la 7e concession d’Esquesing, devenue par la suite le chemin Trafalgar, ce village tire avantage d’une route directe vers le sud pour le commerce avec la ville portuaire d’Oakville sur le lac Ontario, ainsi que vers le nord pour les pionniers souhaitant s’aventurer sur de nouveaux territoires. C’est sur cette même route que se trouve le premier bureau de poste de la région dès les années 1820, confirmant ainsi son importance en tant que voie principale dans la région.7

Routes et industrie

La construction du chemin de York à Guelph par John Galt marque un tournant dans l’histoire de Hungry Hollow.8 Inaugurée en 1828, cette voie, l’actuelle route 7, relie directement le peuplement à York, la capitale. Hungry Hollow devient alors une halte pour les pionniers allant dans cette direction, offrant un raccourci en diagonale à travers les concessions et les chemins secondaires du canton, alignés perpendiculairement par ailleurs. L’aménagement de cette voie est une aubaine pour la famille Kennedy dont les moulins peuvent désormais rivaliser avec d’autres installations dans la région, notamment le moulin de James MacNab situé sur la rivière Credit à Norval et celui des frères Stewart dans le village d’Esquesing.9

À cette époque, George Kennedy décide d’étendre ses activités en installant une fonderie et une filature de laine. Cette dernière attire une autre famille fondatrice : les frères Barber. Originaires d’Irlande, ils arrivent dans le Haut-Canada en 1822 et travaillent dans le complexe de moulins de James Crooks à Crooks’ Hollow. Vers 1834, au moins l’un des frères Barber commence à travailler à la filature de laine de George Kennedy, avant que William et Robert Barber la rachètent trois ans plus tard. Peu après, James et Joseph Barber fils les rejoignent en mettant sur pied une scierie et une fonderie.10 C’est vers 1837 que le hameau est baptisé Georgetown.11 Toutefois, personne ne sait précisément si ce nom rend hommage à George Kennedy ou au défunt roi britannique George IV.12

La filature de laine des frères Barber marque une nouvelle étape dans la croissance industrielle et commerciale de Georgetown. Un magasin général ouvre ses portes en 1840, suivi par une tannerie et une fabrique de chaussures inaugurées en 1844 par les frères John B. et Philo Dayfoot originaires du Vermont.13 Cette même année, un deuxième magasin général voit le jour,14 et, deux ans plus tard, le Smith’s Canadian Gazetteer qualifie Georgetown de « village florissant ». En effet, la bourgade compte alors 700 habitants et dispose de nombreux commerces et services, dont un moulin à grains, une scierie, une manufacture de vêtements, deux tanneries, une fonderie, une chaiserie, trois fabriques de chariots, un ébéniste, quatre forgerons, trois cordonniers, deux tailleurs et une taverne.15

L’ouverture d’un bureau de poste se fait toutefois attendre. En avril 1844, les résidents de Georgetown signent une pétition en ce sens, mais sans succès. Pour accéder aux services postaux, ils doivent donc continuer de se rendre à Norval ou à Esquesing, et ce, jusqu’en 1851, date à laquelle un bureau de poste est enfin ouvert à Georgetown.16

En 1850, le village de Georgetown est mieux relié au réseau routier provincial en pleine expansion grâce à la pose, par deux entreprises différentes, de planches sur le chemin de Toronto à Guelph et sur le chemin Trafalgar. Ces aménagements améliorent notablement le conditions de transport, auparavant difficiles en raison des profondes ornières et de la boue.17

L’ère du chemin de fer

La série d’investissements dans les chemins passant par Georgetown s’achève moins d’un an avant l’arrivée d’une révolution technique qui transformera le village en profondeur. En août 1851, des hommes d’affaires de Toronto et de Guelph proposent de créer une voie ferrée entre les deux villes, laquelle doit passer par divers cantons, notamment York, Etobicoke, Toronto, Chinguacousy, Esquesing, Nassagaweya, Eramosa et Guelph. Georgetown se trouve sur l’itinéraire privilégié par la Toronto and Guelph Railway Company, ce qui entraîne une spéculation foncière autour du village, bien avant l’annonce officielle du projet en mai 1852. Mais deux ans plus tard, l’acquisition de la Toronto and Guelph Railway Company par la Grand Trunk Railway change la donne. Cette dernière intègre le tracé dans un projet plus vaste de voie ferrée reliant Montréal à Toronto, puis Toronto à Sarnia.18

L’arrivée du chemin de fer à Georgetown attire de nombreuses personnes et entreprises. Des ouvriers, dont un grand nombre d’Irlandais catholiques, affluent à mesure que la voie ferrée progresse dans la région. En particulier, un grand nombre d’ouvriers viennent à Georgetown en 1854 pour la construction d’un pont en pierre et en fer sur la rivière Credit. Cette nouvelle vague de croissance permet à Georgetown de dépasser les villages alentour, notamment l’ancienne ville principale du canton, Esquesing (actuellement Stewarttown). Outre l’ouverture de la nouvelle papeterie de James Barber en 1854, Georgetown connaît une forte expansion. Des lotissements sont construits autour du village, un journal local commence à être publié et de nouveaux établissements d’enseignement font leur apparition.19 Le 20 juin 1856, un jalon important est atteint lorsque le premier train traverse Georgetown, pour relier Toronto à Guelph.20

Après près de dix ans de croissance stimulée par l’arrivée du chemin de fer et l’essor industriel, Georgetown sollicite le gouvernement provincial en 1864 afin d’officialiser son statut de municipalité. Ce dernier accède à cette demande qui entre en vigueur le 1er janvier 1865. Georgetown compte alors près de 1 250 habitants,21 une population considérable pour une collectivité de l’Ouest canadien à cette époque.

La construction de nouvelles voies ferrées à Georgetown renforce son rôle pivot dans le tissu économique de l’Ontario, et même du Canada. En effet, lors de l’inauguration de la ligne reliant Hamilton à Barrie en 1877, les trains de la Hamilton & Northwestern Railway passent par Georgetown. Quarante ans plus tard, c’est le Toronto Suburban Railway qui fait son apparition, reliant Toronto à Guelph en passant par Georgetown.22

Au sortir de la Première Guerre mondiale, Georgetown entre dans une phase de forte croissance : essor immobilier et naissance de nouvelles industries. Le 1er janvier 1922, Georgetown obtient officiellement le statut de ville.23 Après la Seconde Guerre mondiale, la ville connaît des mutations : tandis que certaines industries historiques ferment leurs portes, d’autres voient le jour, attirant de nouveaux résidents. Nombre d’entre eux effectuent de longs trajets quotidiens pour travailler dans des villes comme Malton ou Toronto. L’essor économique et le baby-boom de l’après-guerre font passer la population de la ville à près de 3 400 habitants, donnant lieu à la création de nouveaux quartiers résidentiels à Georgetown Est. En 1967, la population de Georgetown atteint plus de 15 000 habitants. Cette croissance démographique s’accompagne de défis financiers similaires à ceux rencontrés par d’autres villes et cantons de l’Ontario. Pour y faire face, la province de l’Ontario décide en 1974 de fusionner Georgetown avec Acton et une grande partie du canton d’Esquesing afin de créer la ville de Halton Hills et de l’intégrer à la nouvelle municipalité régionale de Halton. Ce bel élan perdure à Georgetown au cours du 21e siècle, avec l’aménagement de nouveaux secteurs résidentiels à Georgetown Sud.24


La Fiducie du patrimoine ontarien tient à exprimer sa gratitude à Ross Fair pour le travail de recherche effectué dans le cadre de la rédaction de cet article.

© Fiducie du patrimoine ontarien, 2013


1 Il était couramment admis que le nom Esquesing dérivait d’une expression des Premières Nations signifiant « la terre des grands pins ». Cependant, on pense désormais qu’il provient du mot mississauga ishkwessin qui se traduit par « ce qui se trouve à l’extrémité ». Ishkwessin était en fait le nom initial du ruisseau Bronte, qui s’écoule depuis les collines d’Esquesing jusqu’à son point de rencontre avec le lac Ontario à Bronte.

2 Lorsque les comtés ont remplacé les districts en tant que régions administratives de la province en 1849, la partie nord du comté de Halton a été formée par cette partie du district de Gore.

3 John Mark Benbow Rowe, Georgetown: Reflections of a Small Town. (Georgetown (Ontario) : Esquesing Historical Society), 2006, p. 14.

4 Le mot Nazhesahgewayyonis en Mississauga signifie « rivière à deux sorties ». Il fait référence aux cours d’eau du canton local qui se jettent dans le lac Ontario et dans le bassin de la rivière Grand.

5 Charles Kennedy était lieutenant dans le 4e régiment de la milice Lincoln, sous le commandement du capitaine Abraham Nelles. William Gray, Soldiers of the King: The Upper Canadian Militia, 1812-1815 (Erin (Ontario) : Boston Mills Press, 1995), p. 76.

6 L. Grant, « The Early Days », Chronique du Georgetown Herald , MG1 A2, Box 2 #8x, bibliothèque publique de Georgetown.

7 Rowe, Georgetown: Reflections, 11; David Warren, History of Georgetown. Manuscript non publié. Bibliothèque des Archives publiques de l’Ontario. 1967.

8 John Galt (1779-1839) était un écrivain écossais qui s’intéressait de près aux affaires coloniales canadiennes. Il s’est fréquemment rendu dans le Haut-Canada et a servi de représentant pour les personnes ayant subi des pertes pendant la guerre de 1812. En 1827, il a fondé la ville de Guelph et la ville de Galt (aujourd’hui Cambridge) nommée ainsi en son honneur. Une plaque provinciale en son honneur se trouve dans le parc John Galt, situé au 25, rue Woolwich à Guelph.

9 John Mark Benbow Rowe, The Story of Georgetown Ontario (Georgetown (Ontario) : Esquesing Historical Society, 1992), p. 2.

10 Kathleen Saunders, Saunders History of Georgetown (Cheltenham (Ontario) : Boston Mills Press, 1976), n.p.; Rowe, The Story of Georgetown, 5-6; Rowe, Georgetown: Reflections, p. 30.

11 Rowe, The Story of Georgetown, p. 2.

12 Aucun débat historique ne permet d’affirmer que le village de Georgetown a été nommé en l’honneur du roi George IV, décédé en 1830. Nick et Helma Mika, Places in Ontario : their name origins and history, Part II (Belleville, (Ontario) : Mika Publishing Company, 1981), p. 104.

13 Rowe, The Story of Georgetown, 3-4; Rowe, Georgetown: Reflections, p. 11, p. 18-19, p. 20.

14 Rowe, The Story of Georgetown, p. 3.

15 William H. Smith, Smith's Canadian Gazetteer; comprising statistical and general information respecting all parts of the upper province, or Canada West. (Toronto : H&W Rowsell, 1846), p. 63.

16 Rowe, Georgetown: Reflections, p. 18.

17 Rowe, The Story of Georgetown, 4; Rowe, « Plank Road Opening » dans J. Mark Rowe et Walter Lewis éd., Collections 2 (Georgetown : Esquesing Historical Society et bibliothèque publique de Halton Hills, 1987), p. 35- 7.

18 Rowe, Georgetown: Reflections, p. 27-8; Rowe, The Story of Georgetown, p. 4-5.

19 Rowe, Georgetown: Reflections, p. 30-1; Rowe, The Story of Georgetown, p. 5-7; Robinson-Bertrand, Elaine, « Georgetown in the 1850’s » dans Rowe et Lewis éd., Collections 2, p. 39-41; Charles Hildebrandt, The Story of Esquesing: Land of the Tall Pines ([Georgetown (Ontario)] : Charles Hildebrandt, 2005), p. 7.

20 Rowe, Georgetown: Reflections, 28; Rowe, The Story of Georgetown, p. 5.

21 Rowe, Georgetown: Reflections, 37; Rowe, The Story of Georgetown, p. 7.

22 Rowe, Georgetown: Reflections, p. 44, 59.

23 Saunders, Saunders History of Georgetown, n.p.; Mika, Places in Ontario, p. 106.

24 Rowe, Georgetown: Reflections, p. 73, p. 75, p. 83, p. 87, p. 100.


Bibliographie

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Gentilcore, R. Louis et C. Grant Head. Ontario’s History in Maps. Toronto : University of Toronto Press, 1984.

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Gray, William. Soldiers of the King: The Upper Canadian Militia, 1812-1815. Erin (Ontario) : Boston Mills Press, 1995.

Hildebrandt, Charles. The Story of Esquesing: Land of the Tall Pines. [Georgetown (Ontario)] : Charles Hildebrandt, 2005.

Lewis, Walter. Historic Georgetown. Georgetown (Ontario) : C&S Printing, deuxième édition en 1992 (première édition en 1989).

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