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1 Chemin de fer clandestin
Le chemin de fer clandestin est un réseau officieux de voies, de lieux de rendez-vous et d’abris secrets utilisés par les esclaves en quête de liberté qui cherchent à atteindre les États libres du Nord, le Canada, le Mexique et les Caraïbes. Prêts à tout pour fuir leur condition odieuse, les esclaves qui empruntent le chemin de fer clandestin affrontent de nombreux dangers et épreuves au cours de leurs voyages vers la liberté. Les esclaves fugitifs sont régulièrement poursuivis par des chasseurs d’esclaves professionnels et par des fonctionnaires fédéraux et, en cas de capture, leurs propriétaires leur font souvent subir des tortures et des représailles. Il a été estimé que près de 100 000 esclaves ont emprunté le chemin de fer clandestin dans un sens ou un autre – et on pense qu’environ 30 000 d’entre eux sont arrivés au Canada. Les destinations au Canada vont de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, mais la plupart des fugitifs se regroupent autour des Grands lacs inférieurs. Des abolitionnistes, des sympathisants et d’anciens esclaves – souvent organisés en petits groupes – aident les fugitifs en leur offrant un abri et des provisions et en les guidant le long du chemin. Une terminologie particulière est utilisée comme code pour identifier les différents éléments du voyage. Les personnes qui guident les esclaves en quête de liberté sont par exemple appelées des « conducteurs », et les abris sont désignés sous le terme de « stations ». L’Ontario compte plusieurs lieux historiques en lien direct avec l’arrivée des esclaves fugitifs depuis le Sud des États-Unis. Des membres et des ecclésiastiques de plusieurs confessions chrétiennes jouent un rôle actif dans le fonctionnement du chemin de fer clandestin, ainsi qu’en aidant les esclaves en quête de liberté dès leur arrivée sur le sol canadien.
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2 Colons loyalistes de l’Ontario
Les Loyalistes étaient des colons américains qui avaient soutenu la Grande-Bretagne durant la Révolution américaine (1775-1783). Pendant et après la Révolution, les Loyalistes étaient persécutés aux États-Unis. Ils étaient victimes de harcèlement et d’intimidation, et menacés d’emprisonnement; bon nombre d’entre eux se faisaient également confisquer leurs biens. À l’époque, le gouvernement britannique offrait des concessions de terre aux Loyalistes qui acceptaient de partir s’installer en Amérique du Nord britannique. On estime qu’environ 10 000 Loyalistes sont arrivés en Ontario au cours des années qui ont suivi la Révolution. Ils formaient un groupe hétérogène, qui comprenait des Highlanders catholiques, des presbytériens écossais, des calvinistes allemands, des luthériens allemands, des Quakers, des Autochtones, d’anciens esclaves, des méthodistes, des congrégationalistes et des anglicans d’origine anglaise. Les colonies loyalistes étaient généralement regroupées en fonction de l’ethnicité et de la religion. On trouvait des communautés loyalistes assez importantes à Long Point (lac Érié), dans la péninsule de Niagara ainsi que dans le comté d’Essex. Joseph Brant dirigea environ 2 000 Iroquois loyalistes vers une colonie établie le long de la rivière Grand. Sur ses rives, les Mokawks anglicans construisirent, en 1785, la plus ancienne église qui existe encore en Ontario, la chapelle Mohawk. La plupart des Loyalistes s’étaient établis dans les cantons nouvellement arpentés, qui étaient situés le long de la rive nord du Saint-Laurent. Un groupe de méthodistes s’installa à Adolphustown et érigea l’église Old Hay Bay en 1792, le plus ancien édifice méthodiste qui existe encore au Canada. Les Loyalistes catholiques écossais qui s’étaient établis dans les comtés de Glengarry et de Stormont formèrent une paroisse et construisirent l’église St. Andrew en 1801. Avant que les paroisses ne fussent établies et les églises bâties, les fidèles loyalistes faisaient leurs dévotions dans des maisons privées, bien souvent avec des profanes qui menaient les offices religieux. Lorsque la majorité des Loyalistes arrivèrent au Canada dans les années 1780, le territoire que l’on appelle aujourd’hui l’Ontario n’était autre qu’une étendue sauvage quasiment inhabitée, qui faisait alors partie de la province du Québec. Ses lois et institutions étaient, en grande partie, celles qui avaient été établies sous la tutelle française. Cependant, les Loyalistes étaient caractérisés par leur désir de mettre en place un système gouvernemental britannique. Pour répondre à ce besoin, on créa la province du Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario) en 1791. On conféra une assemblée législative au Haut-Canada, qui était ainsi régi par la common law d’Angleterre. Les Loyalistes jouèrent un rôle important dans la construction de l’identité culturelle de l’Ontario et contribuèrent fortement à sa diversité religieuse.
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3 Congrégation de Saint-Basile (Basiliens)
La Congrégation de Saint-Basile (Basiliens) est établie en France en 1822 sous la forme d’un organisme clandestin consacré à l’éducation des prêtres suite à la fermeture des séminaires pendant la Révolution française. En 1850, les Basiliens sont invités au Canada par l’évêque Charbonnel de Toronto – lui-même ancien élève de l’école basilienne d’Annonay, en France – pour assurer l’éducation des jeunes catholiques au sein du diocèse. Deux ans plus tard, les Basiliens fondent le Collège St. Michael’s à Toronto, un établissement d’études secondaires et universitaires réservé aux garçons. En 1881, le Collège St. Michael’s est affilié à l’Université de Toronto. Il constitue l’un des plus anciens collèges appartenant à la fédération de l’Université de Toronto, et continue d’affirmer son caractère distinctement catholique. En 1929, les Basiliens du Collège St. Michael’s fondent l’Institut pontifical d’études médiévales, un organisme de renommée internationale qui abrite l’une des plus vastes collections de documents médiévaux en Amérique du Nord. Les Basiliens ont également une présence importante à Windsor. En 1870, ils prennent en charge à la fois le Collège Assumption, à Sandwich (Windsor), dont la direction était précédemment assurée par les Jésuites, et l’historique paroisse de l’Assomption – la plus ancienne paroisse catholique à l’ouest de Montréal. L’Université Assumption continue d’être dirigée par les Basiliens. Elle est désormais affiliée à l’Université de Windsor. En outre, les Basiliens établissent des paroisses à Amherstburg, Chatham, Owen Sound et Toronto, et se montrent actifs dans les collectivités de toute la province. Ils assurent l’éducation de nombreux futurs prêtres, évêques et archevêques, ainsi que de milliers de laïcs. En plus de diriger des paroisses et des écoles, les Basiliens créent des aumôneries dans de nombreuses universités de l’Ontario. Bien que la Congrégation de Saint-Basile ait été fondée en France, ses bureaux judiciaires se trouvent désormais à Toronto.
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4 Croissance de l’Église presbytérienne en Ontario
En 1875, les quatre composantes principales du presbytérianisme au Canada fusionnent, et la nouvelle Église presbytérienne au Canada est divisée en quatre synodes, à savoir : les provinces Maritimes; Montréal et Ottawa; Toronto et Kingston; et Hamilton et London. Alors que la communauté presbytérienne continue de s’agrandir, les limites des synodes font l’objet d’une révision pour refléter la croissance de la population, et de nouveaux synodes sont créés dans l’Ouest et le Nord du Canada. L’Église presbytérienne en Ontario s’étend vers le nord, et de nouveaux consistoires sont établis afin de refléter la croissance de la population dans le sud. De nombreuses communautés presbytériennes écossaises et irlandaises voient le jour dans l’Est de l’Ontario grâce à l’accroissement de l’immigration familiale et communautaire, et ce, en raison des conditions économiques instables en Europe pendant les guerres napoléoniennes (1800-1815). Entre 1901 et 1921, plus de 3,5 millions d’immigrants, dont beaucoup viennent d’Angleterre ou des États-Unis, arrivent au Canada, ce qui entraîne une augmentation considérable du nombre de fidèles appartenant à diverses dénominations protestantes dans le pays. Dès 1925, le Canada compte 380 000 presbytériens. Entre 1875 et 1925, plus de 200 églises presbytériennes sont édifiées partout en Ontario pour répondre aux besoins des nouvelles congrégations.
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5 Expulsion de la population des Hautes-Terres
Pendant les XVIIIe et XIXe siècles, plusieurs vagues d’expulsion de masse forcent les Écossais des Hautes-Terres à quitter leur région. Ces déplacements forcés entraînent une émigration vers les Basses-Terres écossaises, l’Amérique du Nord, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
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6 Franciscains récollets (Récollets)
Établis au début du XVIIe siècle, les Récollets constituent une branche réformée de l’ordre des Franciscains au sein de l’Église catholique romaine. Ils tiennent leur nom des lieux de méditation (en latin recollecti « recueillis ») et des monastères où les Frères Franciscains se retirent pour prier, faire pénitence et cultiver leur mémoire spirituelle. Connus pour leur force d’âme, leur piété et leur austérité, les Récollets sont souvent appelés à occuper les fonctions d’aumônier dans l’armée française. Un groupe de Pères Récollets arrive en Nouvelle-France avec Samuel de Champlain en 1615. Plus tard cette même année, le Père Récollet Joseph Le Caron devient le premier prêtre à fouler le sol de l’actuel Ontario lors de son voyage jusqu’au village huron de Carhagouha, situé près de la rive sud-est de la baie Georgienne. Pendant les années 1620, un certain nombre de Pères Récollets administrent des missions aux quatre coins du pays huron. Citons notamment Gabriel Sagard, qui écrit trois recueils importants sur l’histoire de la Nouvelle-France et sur la culture et la langue des Hurons. Les Récollets quittent la Nouvelle-France entre 1629 et 1632, alors que le territoire est aux mains des Anglais. Lorsque des missionnaires catholiques font leur retour dans la colonie, celle-ci est largement administrée par les Jésuites. Après la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques, les Récollets se voient interdire de recruter de nouveaux membres, mais ils continuent de le faire en cachette. Le dernier Récollet canadien, le père Louis, décède en 1848 à Québec. Les Récollets se fondent dans l’Ordre des Frères mineurs en 1897.
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7 Gallicanisme
Le gallicanisme est un mouvement catholique qui cherche à limiter l’autorité du pape. À l’opposé de l’ultramontanisme, le gallicanisme prône la diminution de l’influence et de l’autorité du pape en faveur d’une gouvernance étatique, épiscopale ou confessionnelle. La doctrine, élaborée au sein de l’Église de France pendant plusieurs siècles, est détaillée dans la Déclaration du clergé de France (1682). Des mouvements gallicans voient le jour non seulement en France, mais aussi aux Pays-Bas et en Amérique du Nord.
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8 Humanisme
L’humanisme est un terme général s’appliquant aux philosophies et aux comportements intellectuels qui se focalisent sur l’expérience, les valeurs et les préoccupations humaines. La recherche du savoir par le biais d’une utilisation structurée de la raison et des données empiriques est généralement considérée comme un aspect fondamental de l’humanisme. Bien qu’humanisme et religion ne soient pas antithétiques, l’humanisme séculier se caractérise par un rejet de la croyance religieuse.
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9 Huronie
La Huronie désigne la région occupée par les Hurons avant les guerres iroquoises et délimitée par la baie Nottawasaga à l’ouest et le lac Simcoe à l’est – dans la partie nord de ce qui constitue aujourd’hui le comté de Simcoe. Ce terme n’est entré dans le langage courant qu’au XIXe siècle et s’applique habituellement à la période au cours de laquelle les Hurons et les Français entretiennent des relations.
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10 L’école du dimanche
On considère habituellement que l’histoire de l’école du dimanche commence avec les efforts déployés par Robert Raikes pour instruire les enfants pauvres à Gloucester, en Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle. Le principe de l’éducation des pauvres et des illettrés le dimanche – qui constitue souvent leur seul jour de repos – ne tarde pas à s’étendre, et des organismes dirigés par l’église sont créés pour enseigner la lecture, l’écriture et d’autres compétences fondamentales, aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Bien que liés aux activités de l’église, ces organismes sont souvent interconfessionnels et les cours ne sont que rarement organisés dans les édifices religieux. À mesure que le mouvement prend de l’ampleur, principalement en Angleterre et aux États-Unis, il devient fortement imprégné de notions protestantes relatives à la nature des enfants, à la nécessité du salut personnel et au rôle de l’éducation dans la vie spirituelle. Avec l’instauration du système des écoles parrainées par l’État au XIXe siècle, les programmes d’éducation générale des écoles du dimanche sont remplacés par le catéchisme religieux et l’étude de la Bible. Les écoles du dimanche deviennent ainsi plus étroitement liées aux confessions individuelles et les cours sont de plus en plus souvent organisés dans les églises – souvent au sous-sol ou dans des pièces situées derrière le sanctuaire. Dans la dernière moitié du XIXe siècle, les administrateurs des écoles du dimanche en Amérique du Nord sont influencés par des théories pédagogiques émanant du mouvement éducatif et par les réseaux d’écoles publiques. Les classes des écoles du dimanche commencent à être divisées en groupes de niveaux établis en fonction de l’âge et des résultats scolaires. Toutefois, de nombreuses personnes craignent que ces divisions freinent la communication et le dialogue au sujet des cours suivis par des élèves appartenant à des groupes d’âge différents et par les membres d’une même famille. En réponse à cela, une association interconfessionnelle, l’American Sunday School Union, adopte en 1872 le système des « Uniform Lessons » (cours uniformes), dans le cadre duquel chaque groupe de niveau et chaque classe de chaque école participante suit le même programme d’études, semaine après semaine, tout au long de l’année. Ainsi, chaque enfant assiste chaque dimanche à un cours sur un seul et même sujet – mais dont la teneur est adaptée à son groupe d’âge en particulier. L’école du dimanche représente une part importante de la vie religieuse et sociale des protestants pendant toute la première moitié du XXe siècle. Elle est souvent évoquée comme symbole de bonté, d’intégrité, de dévotion et de communauté.
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11 L’évangélisme et les évangélistes au Canada
L’évangélisme voit le jour dans l’Angleterre du XVIIIe siècle en tant que confession chrétienne mettant l’accent sur la conversion et la piété personnelle. Au Canada, l’évangélisme est établi par le révérend Henry Alline (1748-1784), un prédicateur américain qui instaure le grand mouvement revivaliste (« Great Awakening ») en Nouvelle-Écosse. Au XIXe siècle, le mouvement évangélique canadien se divise entre les « évangélistes radicaux » (« radical Evangelicals »), à savoir les baptistes et les méthodistes, et les « évangélistes officiels » (« formal Evangelicals »), à savoir les protestants et les anglicans. Après la guerre de 1812, le sentiment anti-américain repousse les évangélistes radicaux en marge de la vie religieuse au Canada, tandis que le protestantisme affiché par les évangélistes officiels devient la première confession du pays. Tout au long du XXe siècle, l’évangélisme décline au Canada à mesure que le christianisme perd peu à peu son influence dominante sur la société et que l’immigration croissante entraîne la diversification de la population canadienne. De nouvelles confessions évangéliques voient le jour au Canada, parmi lesquelles les pentecôtistes, l’Armée du Salut, les mormons et les Témoins de Jéhovah. Alors que les évangélistes perdent leur position dominante dans la société canadienne, certains groupes évangéliques qui s’étaient séparés de leur Église se regroupent autour de croyances et de préoccupations communes. L’Alliance évangélique du Canada est établie en 1964. Malgré des divergences de vues sur certains points de la doctrine et du culte, ces groupes disparates partagent un intérêt fondamental pour l’orthodoxie doctrinale, une conviction à l’égard de l’importance du développement de la piété personnelle, et un engagement en faveur de l’évangélisme.
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12 L’ultramontanisme en Ontario
L’ultramontanisme est un mouvement catholique romain qui exalte l’autorité du pape et qui cherche à concentrer le pouvoir entre ses mains. Un des aspects fondamentaux de l’ultramontanisme est la conviction que l’État doit être subordonné à l’Église, en particulier dans les domaines de l’éducation et de l’aide sociale. Les idées et les sentiments ultramontains étayent largement l’histoire du catholicisme en Ontario. Avant l’établissement et l’intégration des institutions catholiques dans la province, les ecclésiastiques et les laïcs peuvent se tourner vers Rome pour y trouver la stabilité et pour obtenir des conseils et un soutien. Alors que des immigrants catholiques venus des quatre coins de la planète arrivent en Ontario, l’attachement à l’évêque de Rome constitue une force unificatrice qui permet de surmonter les obstacles culturels et de contrer la ségrégation ethnique. De plus, l’influence de l’ultramontanisme sur l’architecture confère au mouvement une présence visuelle dans la province. En Ontario, il est fréquent que les églises catholiques – en particulier celles qui sont situées dans les communautés italiennes – dont on décide qu’elles doivent partager de fortes similarités visuelles avec celles de Rome soient bâties dans le style Renaissance ou baroque. La majorité des églises ultramontaines de la province est édifiée entre la Confédération et la Première Guerre mondiale. Joseph Connolly et Arthur W. Holmes sont les deux architectes qui construisent la plupart de ces églises.
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13 La colonie de peuplement juive de Timmins
Avec la croissance des industries d’exploitation des ressources naturelles dans le Nord de l’Ontario, des vagues successives d’immigrants au Canada se déplacent vers le nord pour trouver un emploi et établissent plusieurs colonies de peuplement partout dans la province. En raison de l’accroissement de l’exploitation argentifère et aurifère autour du lac Porcupine dans le Nord-Est de l’Ontario au début du XXe siècle, une communauté de travailleurs immigrés juifs originaires d’Europe de l’Est voit le jour à Timmins. Un grand nombre d’entre eux viennent travailler pour une société nouvellement constituée, la Temiskaming and Northern Ontario Railway, et plusieurs colons juifs ne tardent pas à devenir des hommes d’affaires et des marchands éminents qui fournissent des services essentiels aux habitants de cette ville minière en pleine croissance. La communauté juive de Timmins devient l’une des plus importantes dans le Nord de l’Ontario, avec les congrégations juives de Kirkland Lake et de North Bay. Dès 1912, un cimetière juif est établi à Kirkesdorf, près de Kirkland Lake, et la communauté s’assure les services d’un rabbin pour organiser des offices religieux. Le Hebrew Congregational Hall est édifié en 1925, et la congrégation B’nai Israel est formée en 1928. Au début des années 1950, la population juive de la ville compte environ 100 familles.
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14 La Glasgow Colonial Society
L’une des principales préoccupations des colons écossais du début du XIXe siècle est le fait que leur nouvelle communauté manque de pasteurs ordonnés. « The Society, in connection with the Church of Scotland, for Promoting the Religious Interests of Scottish Settlers in British North America » (la société, affiliée à l’Église d’Écosse, de promotion des intérêts religieux des colons écossais en Amérique du Nord britannique) est fondée en 1825 par des habitants de Glasgow, si bien qu’on utilise le nom abrégé de « Glasgow Colonial Society » pour la désigner. Son but est de fournir une instruction religieuse aux immigrants écossais, de traiter les demandes des pasteurs écossais qui espèrent obtenir un poste au Canada, et de demander un financement public pour offrir des appointements et des terres aux pasteurs établis à l’étranger. Le général George Ramsay (1770-1838), comte de Dalhousie et alors gouverneur général de l’Amérique du Nord britannique, assume les fonctions de président de la société, tandis que le révérend Robert Burns (1789-1869), du Collège Knox, à Toronto, occupe celles de secrétaire. La société recrute activement des pasteurs pour servir au Canada : en 1844, elle a déjà envoyé 28 missionnaires dans des centres presbytériens établis, comme à Stormont, Dundas et Glengarry dans le Haut-Canada (Ontario). Avec l’établissement de séminaires presbytériens à l’Université Queen’s de Kingston (1841) et au Collège Knox de Toronto (1844), le besoin de missionnaires écossais diminue à mesure que de plus en plus de pasteurs canadiens sont ordonnés. Grâce aux efforts de la Glasgow Colonial Society, les immigrants presbytériens au Canada sont en mesure de constituer un vaste réseau de congrégations et d’itinéraires de prêche dans les régions rurales.
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15 Le B’nai Brith en Ontario
Établi à New York en 1843, le B’nai Brith constitue à ses débuts une association juive d’assistance mutuelle et d’aide sociale, qui s’étend au Canada en 1875. La première section (loge) canadienne, la « Canada Lodge No. 246 », est ouverte à Toronto en juin 1875 par des membres du Holy Blossom Temple, ouvrant la voie à l’inauguration d’autres sections à Montréal (1881), à Ottawa et Hamilton (1921), ainsi qu’à Windsor et London (1925). La nouvelle « Toronto Lodge No. 836 » est établie en 1919 et compte 500 membres, parmi lesquels le chef de file juif Edmund Scheuer (1847-1943) et le maire de Toronto Nathan Phillips (1892-1976). Ses activités se focalisent sur la prestation d’un soutien financier et social à la communauté juive, notamment en matière d’accès aux soins médicaux, à des camps d’été et aux services de la Toronto Hebrew Free Loan Association. En Ontario, les loges relèvent initialement de la compétence de la « District Grand Lodge No. 1 » à New York, jusqu’à l’établissement de la « District Grand Lodge No. 22 », dans le premier district entièrement canadien, en 1964. Aujourd’hui, le B’nai Brith est un organisme de défense des intérêts des juifs dont l’action s’articule autour de la prestation de services sociaux, des questions relatives aux droits de la personne et à l’antisémitisme, et du renforcement des relations entre Israël et le Canada.
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16 Le mouvement sioniste en Ontario
Le mouvement sioniste, qui agit en faveur de la création d’un État d’Israël pour l’ensemble de la population juive, s’étend de l’Europe au Canada au cours du XIXe siècle. Des sionistes comme Henry Wentworth Monk (1826-1897) multiplient les déplacements pour lever des fonds en faveur de la cause juive. À Montréal, Clarence de Sola (1858-1920) fonde la Fédération sioniste canadienne, alors appelée « Federation of Zionist Societies of Canada », en 1899. Dès 1916, la section canadienne de Hadassah et des groupes sionistes (mouvement sioniste général, mouvement sioniste socialiste et Mizrachi) sont établis aux quatre coins de la province. Les activités des sionistes canadiens se focalisent sur la collecte de fonds et sur l’éducation en vue de soutenir la colonie de peuplement juive en Palestine. Suite à l’Holocauste, le soutien politique et financier en faveur du sionisme se déplace de l’Europe à l’Amérique du Nord, accélérant la fondation de l’État d’Israël en galvanisant la cause juive et en lui assurant un soutien politique international. Les sionistes canadiens dirigent leurs efforts vers l’aide aux survivants de l’Holocauste. Les femmes juives, en premier lieu desquelles Anna Selick, de l’Hadassah Women’s International Zionist Organization (WIZO), à Toronto, et Lillian Freiman (1885-1940), du Palestine Restoration Fund, à Ottawa, jouent un rôle de chef de file pour collecter des fonds visant à aider les femmes et les enfants en Palestine. En 1947, les Nations Unies votent la partition de la Palestine et créent l’État d’Israël. Depuis l’établissement d’un état juif, les activités des sionistes en Ontario s’articulent principalement autour de l’aide à l’immigration vers Israël et du soutien en faveur de la défense et de l’autodétermination d’Israël.
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17 Le système d’éducation catholique de l’Ontario
Pour des générations de catholiques en Ontario, l’éducation et la religion sont inextricablement liées. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, les catholiques considèrent qu’il est essentiel de maintenir un système étatique et accessible d’éducation catholique pour préserver leur foi dans une province dominée par le protestantisme. Le système d’éducation catholique de l’Ontario voit le jour avec la Schools Act de 1841. Cette loi établit un système d’éducation publique dans les provinces unies du Canada et comprend un article qui autorise les catholiques et les autres minorités religieuses à créer leurs propres écoles confessionnelles. Les décennies qui suivent voient une prolifération d’écoles et d’institutions catholiques dans toute la province. Malgré l’hostilité des autres confessions, le conflit linguistique et le manque chronique de financement qui freine son développement pendant la deuxième moitié du siècle, le système d’éducation catholique perdure, en grande partie parce que l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (1867) stipule qu’il a le droit d’exister. Au cours du XXe siècle, le système d’éducation catholique de l’Ontario fait face à un certain nombre de défis. L’afflux des catholiques originaires d’Europe du Sud et d’Europe centrale qui arrivent après la Seconde Guerre mondiale et le baby-boom qui survient à la même période exercent de lourdes pressions sur les ressources du système d’éducation. De plus, la suburbanisation impose la création de nombreuses écoles supplémentaires dans les nouveaux quartiers et le déclin des ordres religieux entraîne le recrutement de nombreux enseignants laïcs. Grâce à un mélange d’action politique et de soutien communautaire, le système d’éducation a pu surmonter ces problèmes. En 1997, le gouvernement provincial assume la responsabilité exclusive du financement des écoles catholiques.
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18 Les Relations des Jésuites
Les Relations des Jésuites sont une série de documents rédigés par des missionnaires jésuites en Nouvelle-France et envoyés chaque année à leur bureau de Paris entre 1632 et 1672. Les Relations comprennent des lettres, des rapports, des récits et des analyses ethnographiques qui font la chronique des tentatives des Jésuites pour convertir les communautés des Premières nations au catholicisme. Rassemblées et publiées par des responsables jésuites à Québec – puis publiées en France – les Relations rencontrent un immense succès auprès des lecteurs français pendant les XVIIe et XVIIIe siècles. Malgré les enjolivures, les inexactitudes et les jugements préconçus qui figurent dans certaines des œuvres, celles-ci constituent des sources historiques de très grande valeur.
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19 Mouvement « Social Gospel »
D’abord appelé « Social Christianity », le « Social Gospel » (évangile social) est un mouvement protestant qui applique les principes chrétiens à la promotion de la justice sociale. Force importante au sein de la vie religieuse, sociale et politique du Canada pendant la première moitié du XXe siècle, ce courant de pensée mêle des éléments empruntés aussi bien à l’évangélisme qu’au libéralisme progressiste. Les chefs de file du Social Gospel au Canada jouent un rôle essentiel dans la création de la Fédération du commonwealth coopératif en 1932.
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20 Mouvement d’Oxford
Dirigé par John Henry Newman (qui devient par la suite cardinal de l’Église catholique), le mouvement d’Oxford regroupe des anglicans de la Haute Église dont le souhait est que l’Église d’Angleterre rétablisse plusieurs des doctrines et des pratiques de l’Église catholique romaine. Le mouvement, qui est à l’origine de l’anglo-catholicisme, cherche à faire en sorte que l’Église d’Angleterre entre en communion avec l’Église de Rome.
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21 Oblats de Marie-Immaculée
Les Oblats de Marie-Immaculée est un ordre religieux de l’Église catholique romaine constitué uniquement d’hommes et fondé en 1816 par Saint-Eugène de Mazenod, en France. Ils forment avant tout un ordre de missionnaires qui se consacre aux pauvres. La constitution des Oblats place l’ « évangélisation des plus abandonnés » au cœur de leur mission. Ils sont connus pour leur travail avec les immigrants, les minorités et les communautés des Premières nations. Le pape Pie XI qualifie les Oblats de « spécialistes des missions difficiles ». Des membres de l’ordre arrivent au Canada en 1841 sur invitation de l’évêque Bourget de Montréal. Sept ans plus tard, les Pères Oblats fondent le Collège Bytown, qui devient l’Université d’Ottawa en 1866. Les Oblats dirigent aujourd’hui l’Université Saint-Paul au sein de la fédération de l’Université d’Ottawa. L’Université Saint-Paul peut accorder des diplômes ecclésiastiques en vertu de sa charte pontificale. Les Oblats se montrent particulièrement actifs dans l’Ouest du Canada et se chargent d’établir l’Église catholique dans le nord-ouest. Entre les années 1870 et les années 1980, les Oblats dirigent de nombreux pensionnats destinés aux enfants des Premières nations aux quatre coins du pays, dont plusieurs dans le Nord de l’Ontario. Le système des pensionnats – dirigé par plusieurs confessions et groupes religieux différents – a depuis fait l’objet de nombreuses critiques et contestations. Les Oblats sont particulièrement actifs dans les communautés d’immigrants polonais du Canada. Les Oblats de la province de l’Assomption – créée en 1956 pour desservir les catholiques polonais-canadiens – ont leur siège à Toronto.
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22 Ordre d'Orange
L'ordre d'Orange est une société fraternelle protestante fondée en 1795 en Irlande pour commémorer la victoire de Guillaume d'Orange lors de la bataille de la Boyne en 1690. La Grand Orange Lodge of British America est fondée en 1830 à Brockville. Tout au long du siècle suivant, les membres de l'ordre d'Orange occupent des positions clés dans de nombreuses institutions de l'Ontario, comme les gouvernements, les conseils scolaires et les forces de police. De plus, il s'agit également de chefs de file du secteur industriel. L'Orangisme vise à propager les valeurs protestantes et à renforcer les liens avec l'Empire britannique et la monarchie. Bien qu'il s'agisse dans la plupart des cas d'Irlandais et d'Écossais, d'autres groupes ethniques – Italiens et Autochtones, notamment – disposent de loges orangistes en Ontario. Les membres organisent de multiples activités de bienfaisance et facilitent la transition de l'arrivée en Ontario des nouveaux immigrants protestants. Néanmoins, l'ordre d’Orange est l'objet de critiques selon lesquelles il attise l'antagonisme sectaire et favorise un anticatholicisme. Les orangistes organisent de grandes parades – notamment, la parade annuelle du 12 juillet – souvent à l’origine d’oppositions violentes avec les catholiques locaux. L'influence de l'ordre d'Orange connaît son apogée en Ontario au cours des premières décennies du XXe siècle, époque à laquelle on estime que 60 pour cent des orangistes du monde sont ontariens. Depuis la moitié du XXe siècle, on observe un déclin significatif de l'ordre d'Orange en Ontario.
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23 Plan Akron
Le plan Akron est un concept architectural prévu pour les zones réservées à l’école du dimanche dans les églises. Il comprend une rotonde centrale (ou auditorium) et des salles de classe individuelles réparties en éventail sur un ou deux niveaux encerclant un pupitre (ou lutrin). Ces salles de classe sont séparées de la rotonde par de grandes portes coulissantes ou pliantes qui, une fois ouvertes, exposent les salles de classe à l’espace central. Ce concept architectural tient son nom de la ville d’Akron, en Ohio, où il est utilisé pour la première fois dans la First Methodist Episcopal Church (1866-1870). Conçu en réponse aux besoins du mouvement en faveur de l’école du dimanche au milieu du XIXe siècle, le plan Akron est un concept architectural polyvalent qui permet aux élèves de l’école du dimanche de participer à certaines parties de l’office religieux ou de bénéficier d’une instruction communautaire lorsque les portes sont ouvertes – ou bien de suivre des cours individuels quand elles sont fermées. Cette double fonction est tout à fait adaptée au système des « Uniform Lessons » (cours uniformes), qui est adopté par les écoles du dimanche partout aux États-Unis et au Canada dans la dernière partie du XIXe siècle. Dans le cadre de ce système, chaque groupe de niveau et chaque classe de chaque école participante suit le même programme d’études hebdomadaire tout au long de l’année. Comme dans les écoles publiques, les élèves sont répartis par groupe de niveau. Ainsi, chaque enfant assiste chaque dimanche à un cours sur un seul et même sujet – mais dont la teneur est adaptée à son groupe d’âge en particulier. Le plan Akron permet aux classes de travailler ensemble pendant certaines parties du cours, puis de se couper efficacement les unes des autres le reste du temps. Le système des cours uniformes perd de sa popularité tout au long du XXe siècle et les églises érigées selon le plan Akron, coûteuses et compliquées à concevoir et à construire, sont de moins en moins nombreuses.
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24 Sacrée Congrégation de la Propagande
Fondée en 1622 par le pape Grégoire XV, la Sacrée Congrégation de la Propagande (Congregatio de Propaganda Fide) est une branche de la Curie romaine chargée de la direction des activités missionnaires à travers le monde et de la promotion de la foi catholique dans les pays et les territoires non catholiques. Le Canada est sous la compétence de la Propaganda Fide jusqu’en 1908. La congrégation change de nom en 1982 et devient la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.
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25 Société de Jésus (ordre des Jésuites)
Fondée en 1534 par Ignatius Loyola (1491-1556), la Société de Jésus (ou l’ordre des Jésuites) est l’ordre religieux masculin le plus important au sein de l’Église catholique romaine. Connus pour l’ampleur de leur action missionnaire et pour leur engagement en faveur de l’éducation, les Jésuites se caractérisent par un mélange de discipline, de rigueur académique et de zèle religieux. L’ordre des Jésuites se distingue également par son profond attachement à la papauté. Les Jésuites arrivent pour la première fois dans l’actuel Ontario en 1634, alors qu’ils suivent la voie établie en 1615 par des missionnaires récollets (et peu de temps après par Champlain), qui chemine depuis Montréal jusqu’aux rives sud de la baie Georgienne en passant par la rivière des Outaouais et la rivière des Français. En 1639, ils fondent le village missionnaire de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons près de l’actuelle ville de Midland. Ils ont ensuite le projet d’établir une communauté chrétienne composée à la fois d’Européens et d’Autochtones. Le village est toutefois victime des guerres iroquoises et ses habitants sont contraints de brûler et de fuir la mission en 1649. Huit missionnaires jésuites qui trouvent la mort pendant les guerres iroquoises sont canonisés – Jean de Brébeuf, Isaac Jogues, Gabriel Lalement, Antoine Daniel, Charles Garnier, Noël Chabanel, René Goupil et Jean de la Lande. Malgré les événements de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, les Jésuites continuent d’établir des missions aux quatre coins de l’actuel Ontario. Le nombre de catholiques augmente en même temps que celui des institutions jésuites dans la région. Le premier avant-poste jésuite important qui est établi dans la province après la chute de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons est la mission de l’Assomption à La Pointe de Montréal (Windsor). La mission dessert à la fois la population francophone de la région, assez nombreuse, et des Hurons qui s’y sont établis après les guerres iroquoises. Elle devient la paroisse de l’Assomption en 1767 et constitue la plus ancienne paroisse catholique romaine en Ontario. Cédant à la pression des dirigeants laïcs en Europe, le pape Clément XIV supprime l’ordre des Jésuites en 1773. Cette décision freine l’activité des Jésuites dans le Haut-Canada jusqu’à bien après la restauration de la Société en 1814. Une présence jésuite subsiste toutefois dans la région, puisque l’évêque Briand de Québec décide de ne pas informer le pasteur jésuite de la mission de l’Assomption (le père Potier) du démantèlement de l’ordre. Au milieu du XIXe siècle, les Jésuites reprennent leurs activités dans la province et établissent un certain nombre de missions dans des collectivités éloignées, parmi lesquelles Wikwemikong sur l’île Manitoulin en 1844, Sault Ste. Marie en 1846 et Fort William (Thunder Bay) en 1849. En outre, ils constituent le premier ordre à servir des Allemands de confession catholique romaine dans la région de Waterloo. Pendant le siècle et demi qui suit, les Jésuites fondent des missions, des paroisses, des écoles et des séminaires aux quatre coins de l’Ontario. En 1924, les Jésuites de l’Ontario acquièrent une importante autonomie administrative en créant la vice-province jésuite du Haut-Canada. À l’époque, l’ordre administre 30 missions, neuf paroisses et six collèges. Travaillant souvent en collaboration étroite avec le clergé diocésain et des ordres religieux féminins – ainsi qu’avec d’autres confessions chrétiennes et des organismes laïcs – les Jésuites continuent de jouer un rôle essentiel dans l’éducation d’innombrables jeunes catholiques et dans le développement de nombreuses institutions sociales de l’Ontario.
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26 Society for the Propagation of the Gospels
La Society for the Propagation of the Gospels in Foreign Parts (SPG) était une société missionnaire affiliée à l’Église d’Angleterre. Elle fut créée en 1701 afin d’appuyer l’établissement des colonies américaines relevant de l’Église d’Angleterre et d’évangéliser la population autochtone du continent. Après la Révolution américaine (1775-1783), la SPG se retira des États-Unis pour concentrer ses efforts sur l’Amérique du Nord britannique, où elle devint extrêmement influente. La SPG envoya des missionnaires, paya des membres du clergé, soutint la construction d’églises et offrit des conseils ainsi que son savoir-faire à l’église coloniale. Entre 1702 et 1900, la SPG envoya environ 400 ecclésiastiques en Ontario. En dépit du fait que la SPG permit à l’église coloniale d’éviter de nombreuses crises, ses activités au Canada furent parsemées d’obstacles. La société était dirigée par un secrétaire établi à Londres qui avait souvent du mal à comprendre les difficultés auxquelles l’église coloniale faisait face. Il y avait fréquemment des frictions entre les évêques coloniaux et les secrétaires de la SGP. Ces évêques étaient constamment frustrés par le fait que, même s’ils avaient l’autorité de mettre en place des activités dans leur diocèse, la SPG tenait bien souvent les cordons de la bourse. L’influence de la SPG au Canada commença à décliner à la fin de la deuxième moitié du XIXe siècle, en raison de la diminution de son financement. Ce n’est qu’en 1940 que l'Église anglicane du Canada décida de cesser d’accorder des subventions à la SPG.
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27 Théologie de la libération
Élaborée par des prêtres catholiques romains en Amérique latine, la théologie de la libération est un mouvement qui cherche à rapprocher la théologie chrétienne de l’activisme politique et des préoccupations sociopolitiques. Son objectif est d’émanciper les victimes de l’injustice politique, économique et sociale. Les partisans de la théologie de la libération soutiennent que les enseignements du Christ exigent que des mesures soient prises pour atténuer la pauvreté et venir en aide aux opprimés.
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28 Villes industrielles du Nord de l’Ontario
Alors que les lignes de chemin de fer, puis les routes, ouvrent des régions éloignées de la province à l’industrie et à la colonisation à partir de la fin du XIXe siècle, un certain nombre de collectivités voient le jour dans le Nord de l’Ontario et se développent en exploitant une ressource naturelle unique. Ces collectivités sont établies dans le but d’extraire l’un des nombreux métaux et minéraux caractéristiques des sols du Bouclier canadien – tels que l’or, l’argent, le nickel, le cuivre et l’uranium – ou d’exploiter les vastes forêts boréales de la région. Qu’elles soient axées sur l’extraction de minéraux ou sur l’exploitation des produits forestiers, ces collectivités à industrie unique partagent plusieurs caractéristiques communes. L’économie de ces collectivités n’est pas assez diversifiée pour stimuler la croissance, si bien qu’elles restent relativement petites. Ceci est principalement dû au fait que les matières premières sont en général envoyées ailleurs à des fins de traitement. De plus, les coûts liés au développement d’industries connexes sont élevés dans ces régions habituellement isolées. L’extraction ou le développement des ressources visées par ces collectivités est généralement l’initiative d’un organisme extérieur ou du gouvernement. Par conséquent, les habitants de ces collectivités ont un contrôle limité sur leur propre développement économique et sont largement exclus des processus décisionnels. Les décisions importantes sont souvent prises pour répondre aux intérêts économiques des entreprises impliquées, reléguant au second plan la santé de la collectivité locale. Comme ces collectivités tendent à voir le jour dans des régions faiblement peuplées, la main-d’œuvre/population n’est pas issue des collectivités locales, mais provient de provinces plus éloignées – souvent même de l’étranger. Des poches de groupes ethniques (parmi lesquels des Polonais, des Ukrainiens, des Italiens et des Canadiens français) s’établissent ainsi dans les collectivités avec leurs coutumes, leurs religions et leurs langues. La religion est généralement au centre de leur identité nationale et les institutions religieuses jouent un rôle essentiel pour aider les nouveaux arrivants à s’établir en Ontario. Des églises sont construites et on fait appel à des ecclésiastiques pour répondre aux besoins particuliers de ces groupes ethniques. Malheureusement, l’étroitesse de leur marché rend ces collectivités à industrie unique particulièrement sensibles aux cycles d’expansion et de ralentissement économiques. Au fil du temps, beaucoup d’entre elles voient leur taille diminuer de façon importante ou disparaissent purement et simplement.
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